L’histoire du timbre poste est à découvrir à la maison Vávra

Photo: Kristýna Maková

L’histoire du timbre poste est le thème de cette nouvelle édition des chapitres de l’histoire. Une histoire presque aussi longue que celle de la Tchécoslovaquie: Le premier timbre postal, avec le panorama du château de Prague, signé du fameux peintre Alfons Mucha, a été émis le 18 décembre 1918. Le même jour, le Musée postal a ouvert à Prague. Son siège actuel, la maison Vávra, pas loin de la place de la République, abrite dans ses collections plus d’un million d’objets dont des raretés comme le premier timbre poste du monde, Penny Black de 1840, avec l’effigie de la reine du Royaume-Uni, Victoria. Radio Prague a invité au micro le directeur du musée, Jan Galuška:

Jan Galuška
« Le caractère particulier de la Poste est dû au fait qu’elle a toujours relié les hommes. Pendant des siècles, la poste était le premier moyen de communication entre les hommes et entre les nations. Depuis le XVIe siècle la Poste est le principal moyen de transport. Il n’existe aucune autre institution permettant aux hommes de se déplacer d’un coin de l’Europe à l’autre. Les postillons, les diligences servaient à transmettre des messages, transporter des marchandises ainsi que des personnes. La Poste fonctionne de cette manière jusqu’au XIXe siècle où ce rôle est assumé par les chemins de fer. L’âge d’or des postillons trouve son expression dans les arts, la littérature, la musique; il suffit de se rappeler du célèbre opéra comique français, le Postillon de Longjumeau. »

La maison Vávra, photo: Kristýna Maková
Au cours de plus de 90 ans d’existence, le musée postal a déménagé plusieurs fois. Son siège actuel, la maison Vávra sur le quai de la Vltava, ayant appartenu aux meuniers praguois, est un palais baroque du XVIIe siècle inscrit, comme l’ensemble du noyau historique de Prague, sur la liste du patrimoine de l’UNESCO. Sur une surface de 760 mètres carrés, il concentre des ensembles représentatifs de timbres réunis par quatre générations de passionnés. Jan Galuška évoque les débuts :

L'ancien couvent Saint-Gabriel
« Les premières collections du musée s’ouvrent au public en 1928. Le directeur du musée est alors le poète décadent, Jiří Karásek de Lvovice. Les locaux gothiques du Carolinum qui abritent ces collections se montrent insuffisants et un autre endroit est recherché. Le choix tombe sur le complexe de l’ancien couvent Saint-Gabriel, dans le quartier de Smíchov. En juillet 1919, ces locaux sont rachetés en faveur de la poste par le ministre des Finances, Alois Rašín, une des personnalités marquantes du 28 octobre. »

Le musée postal à Vyšší Brod
Interrompues par les accords de Munich et par l’occupation de la Tchécoslovaquie en 1939, les activités du musée postal reprennent en 1945, mais pas pour longtemps: le coup d’Etat communiste implique une mise en sourdine d’une institution documentant la période de l’Autriche-Hongrie et de la Première République démocratique de Masaryk. „Ce qui nous sauve, ce sont les timbres poste, “ observe Jan Galuška. Collectionner et documenter la création de timbres poste devient la principale mission du musée. Dans les années 1960 qui sont des années de dégel politique relatif, le musée élargit ses activités et ouvre sa succursale au couvent des Cisterciens à Vyšší Brod, en Bohême du sud. L’histoire des postes depuis le Moyen-âge jusqu’à aujourd’hui, y compris l’histoire du télégraphe et du téléphone, y est présentée sur une surface de 1800 mètres carrés, raconte notre guide:

Le plus rare est un carrosse de luxe,  type Landauer,  jadis une propriété de la famille Wallenstein,  qui faisait partie du cortège nuptial de la reine Victoria à Londres
« Nous exposons des uniformes historiques, des boites postales, des enseignes de poste, des caisses, des appareils de télégraphes et de téléphones historiques. Nous possédons une collection unique de calèches, de diligences et de traîneaux dont le service postal se servait au milieu du XIXe siècle. Le plus rare est un carrosse de luxe, type Landauer, jadis une propriété de la famille Wallenstein, qui faisait partie du cortège nuptial de la reine Victoria à Londres. »

Sir Rolland Hill est considéré comme une personnalité importante de l’histoire postale pour avoir émis, le 6 mai 1840, le célèbre Penny noir à l’effigie de la reine Victoria. Sur le territoire tchèque, les timbres postaux sont utilisés depuis le 1er juin 1850. La Poste autrichienne a alors émis cinq séries de timbres de valeur différente, les frais de port dépendant de la distance entre l’expéditeur et le destinataire. La validité des timbres d’Autriche-Hongrie est arrivée à terme en février 1919. Le premier timbre poste de la République tchécoslovaque, avec le panorama de Hradčany signé d’Alfons Mucha, a vu le jour le 18 décembre 1918. Le Musée postal, qui a ouvert en 1988 au palais Vávra, abrite plus d’un million d’objets dont en premier lieu des timbres:

« Nous présentons la collection intégrale des timbres poste de la République tchécoslovaque. Nous montrons aux visiteurs des raretés, des objets uniques, ainsi que des précurseurs des premiers timbres, comme par exemple les timbres des légionnaires tchécoslovaques. Dans les années 1920, en effet, la Tchécoslovaquie a émis des timbres-poste commémorant le serment des légionnaires de la compagnie Nazdar à Bayonne, ainsi que les batailles d’Arras et de Vouziers auxquelles nos soldats avaient participé lors de la Grande Guerre. Nous possédons une brillante collection de timbres de pays européens qui documente les débuts de l’émission de timbres en Europe, depuis la mise en vente, en 1840, en Angleterre, du premier timbre poste au monde. »

L’une des plus grandes raretés du Musée postal de Prague: le bloc de 80 spécimens des premiers timbres du monde destinés à l’affranchissement des journaux, les dits Mercures bleus. Ces timbres non dentelés ne sont exposés qu’à des occasions exceptionnelles, comme ce fut le cas à l’Exposition mondiale des timbres poste Praga 2008, ou encore, en 2005, à l’Exposition des raretés à Monaco. Comme l’explique Jan Galuška, la République tchèque est l’un des 14 membres institutionnels du Club de l’élite qui a son siège à Monte Carlo et où les collectionneurs sont invités à présenter des raretés philatéliques majeures. Alena Reichlová, chef de la section des timbres tchèques et étrangers, nous présente de plus près cette rareté qu’est le Mercure bleu:

« Ce sont les premiers timbres pour journaux émis au monde en 1851, à l’effigie de Mercure, dieu des Romains, au casque ailé. Et pourquoi Mercure? C’est parce qu’il est le symbole des postes, en tant que messager de Zeus, et on lui attribue aussi la protection des postiers, des commerçants, des voyageurs. Ces premiers timbres ont été destinés à l’affranchissement des journaux. Le destinataire les a collés soit directement sur les journaux, soit sur une bande de papier indiquant son adresse. »

Photo: Kristýna Maková
Une fierté du Musée postal qui a son siège à la maison Vávra: les salons au premier étage ornés de fresques du peintre Josef Navrátil. Le style de ses fresques créées en 1847 est un style du romantisme historisant, avec des éléments du dit second rococo. Le salon de théâtre est orné de scènes des légendes tchèques. D’autres fresques évoquent des coins romantiques rencontrés par le peintre lors de ses voyages dans les Alpes autrichiennes, en Italie et en Suisse, détaille notre guide:

« La maison Vávra est classée au patrimoine culturel en premier lieu pour sa décoration de salons par les fresques de Josef Navrátil. Des historiens d’art apprécient hautement le caractère unique et la valeur de ces intérieurs comptant parmi les plus intéressants du genre qui se soient sauvegardés à Prague. En dehors du Musée postal, les fresques de Josef Navrátil décorent l’intérieur du couvent des chevaliers à la croix rouge, interdit au public avant 1989 puisqu’étant le siège de la StB, et on les trouve aussi dans les châteaux de Jirny et Zákupy. »

Ces derniers temps, les émissions de nouveaux timbres ne cherchent pas seulement à faire plaisir aux philatélistes, mais elles font un pas vers le grand public. En 2010, la Poste tchèque a procédé à une petite révolution dans l’affranchissement des lettres, en introduisant des timbres autocollants et en remplaçant les chiffres indiquant la valeur par une lettre de l’alphabet. Explications avec Jan Galuška:

« En 2010 ont paru les carnets de timbre ayant pour thème les petits héros d’une bande dessinée tchèque très populaire, Čtyrlístek, de Jaroslav Němeček. Ces timbres indiqués par la lettre A sont destinés à l’affranchissement du courrier en République tchèque et nous espérons qu’ils attireront de nouveaux philatélistes parmi les jeunes. La même année, la poste a mis en vente les timbres destinés à l’étranger. Au lieu du prix du timbre de 10 ou 20 couronnes indiqué sur un timbre classique, il y a la lettre E pour le courrier envoyé en Europe et le symbole Z sur les timbres destinés aux autres pays du monde, et cette production continuera. »

Depuis ce mardi est mise en vente la série complète des timbres postaux aux motifs des héros de la bande dessinée, Čtyrlístek. Pour ce qui est du courrier envoyé en Europe et dans d‘autres pays du monde, la plus appréciée est la série Zodiac d’Alfons Mucha et celle de ses affiches dont la plus célèbre, Gismonde, créée sur commande de Sarah Bernhardt. Par son émission, la Poste tchèque a rendu hommage au 150e anniversaire de la naissance de l’artiste.