Les trésors tchéco-français du Musée postal de Prague
"Il va, il va le petit postillon"... C'est sur cette mélodie populaire de la région de Plzen, en Bohême de l'ouest, que nous entamons la seconde partie de cette émission spéciale du lundi de Pâques sur les ondes de Radio Prague...
"Il va, il va le petit postillon"... C'est sur cette mélodie populaire de la région de Plzen, en Bohême de l'ouest, que nous entamons la seconde partie de cette émission spéciale du lundi de Pâques sur les ondes de Radio Prague...
Des lettres que s'envoyaient Vitezslava Kapralova et Bohuslav Martinu de France en Bohême et vice versa, pourraient très bien figurer parmi les objets exposés actuellement au Musée postal de Prague. "Le miroir des relations culturelles tchéco-françaises", une exposition qui témoigne d'une riche communication entre les deux pays dès le XVIIIe siècle, avait été présentée à l'automne 2002 au Musée de la poste parisien, dans le cadre de la Saison tchèque en France. Depuis la semaine dernière et jusqu'au 13 juin, toutes ces lettres et cartes postales qui, jadis, circulaient entre les deux pays, des photographies, mais surtout et avant tout des timbres-poste tchèques inspirés de la France, sont donc à voir aussi à Prague.
"Cette exposition n'a pas pour but de retracer toute l'histoire de la communication postale entre la Bohême et la France. Pour cela, il faudrait que nous commencions à l'époque de l'empereur Charles IV. Mais nous avons ici des documents intéressants sur le séjour de Napoléon dans notre pays, ou sur la présence des soldats tchèques en France, pendant les deux guerres mondiales.", explique Patricia Tosnerova, une des commissaires de l'exposition.
En effet, dans les années 1930, la Tchécoslovaquie a émis des timbres-poste commémorant le premier serment des légionnaires de la compagnie Nazdar à Bayonne, en 1914, ainsi que les batailles d'Arras et de Vouziers, lors de la Première guerre, auxquelles les Tchèques et les Slovaques avaient participé.
Le premier timbre postal tchécoslovaque, avec le panorama du Château de Prague, date de décembre 1918. Il est signé du fameux peintre Alfons Mucha. Mais ce n'est pas la seule pointure tchèque des XIXe et XXe siècles, liée à la France que l'exposition met à l'honneur. Parmi ceux dont les tableaux ont été transposés sur des timbres, citons Antonin Chittussi, Frantisek Kupka, Frantisek Tichy, Toyen, Jindrich Styrsky, Josef Sima, peintres qui avaient tous un passé français.
Par ailleurs, le visiteur du Musée sera étonné de voir une pléiade de personnalités françaises "timbrifiées" (Voltaire, Frédéric Joliot-Curie, Romain Rolland, Emile Zola...), ainsi qu'un florilège de l'art hexagonal, représenté sur les timbres tchèques : "Chevalier attaqué par le jaguar" d'Eugène Delacroix, "Moi, le portrait - le paysage" d'Henri Rousseau, "L'évasion" de Paul Gauguin, "Moulin Rouge" d'Henri Toulouse-Lautrec, "Les Amoureux" d'Auguste Renoir.
Quelle est la réputation du timbre postal tchèque dans le monde ? Patricia Tosnerova.
"Du point de vue artistique, il est très apprécié à l'étranger. La République tchèque a reçu, plusieurs fois, le prix du plus beau timbre postal au monde : par exemple en 1966, pour une gravure reprenant 'Guernica' de Pablo Picasso, ou pour des dessins d'Adolf Born. Au vernissage de cette exposition tchéco-française, nous avons proclamé les résultats de l'enquête sur le plus beau timbre tchèque de 2003. C'est une gravure réalisée à partir d'un tableau du peintre tchèque Antonin Slavicek et intitulé L'automne à Veltrusy, qui a été primée. Son auteur, Vaclav Fajt, est un graveur tchèque renommé. D'ailleurs, peu de gens savent que l'inventeur de la lithographie, l'Allemand Aloys Senefelder, était originaire de Prague. Il cultivait cette technique en France et l'apprenait à des maîtres comme Honoré Daumier."
Il reste à ajouter que le Musée postal est situé dans la Vielle-Ville de Prague, sur le quai de la Vltava, dans une maisonnette du XIXe siècle. Il abrite une collection permanente de timbres-poste tchèques et étrangers, ainsi qu'une bibliothèque et un centre de documentation. Le musée a une succursale au couvent de cisterciens de Vyssi Brod, dans la région de Sumava. La collection, située dans ces locaux, est consacrée à l'histoire de la poste tchèque qui remonte au début du XVIe siècle.