L'incontournable Musée Mozart dans la villa Bertramka

Villa Bertramka

« Meine Prager verstehen mich ! » Mes Pragois me comprennent... Combien les Tchèques sont fiers de cette phrase que W. A. Mozart aurait prononcée après le succès gigantesque de « Don Giovanni », lors de sa première au Théâtre Nostitz (aujourd'hui Stavovske divadlo, le Théâtre des Etats). C'était en octobre 1787 et Mozart en était à sa deuxième visite de Prague. Incompris par la société viennoise quelque peu frivole, il avait l'impression d'avoir trouvé sa terre promise justement dans la cité vltavine, qui adorait sa musique et où même les gens dans la rue sifflaient les mélodies de son Figaro.

Villa Bertramka,  photo: CTK
Mozart est ravi par cette « figaromanie » (il dirige en personne la première pragoise des « Noces de Figaro ») et lors de ce premier séjour à Prague, au début de 1787, il y présente également sa célèbre « Symphonie en ré majeur », appelée depuis Symphonie pragoise.

Dans le quartier de Smichov, à Prague 5, à deux pas du centre commercial Andel et derrière le monstrueux hôtel Mövenpick, on trouve encore trace des vestiges du Prague mozartien. Poussons donc la porte de la fameuse villa Bertramka, qui appartenait jadis à un couple de musiciens remarquables : au compositeur et professeur de musique Frantisek Dusek et à son épouse, la cantatrice Josefina Duskova. C'est dans leur charmante résidence d'été que leur ami Wolfgang a été à chaque fois hébergé, c'est là-bas qu'il a composé le prélude de Don Giovanni, ou encore l'air « Bella mia fiamma, addio », dédié à Josefina Duskova. Lenka Prochazkova est directrice du musée aménagé à Bertramka, qui, à l'époque, était une agréable villégiature :

« Derrière la villa, où se trouve maintenant le jardin, il y avait des vignes et aussi des bâtiments de ferme. Il ne faut pas oublier que le centre de Prague, c'était le quartier du Théâtre Nostitz, alors que les environs de Bertramka, c'était vraiment la campagne. »

Photo: CTK
« Nous voilà dans la première salle d'exposition qui est aménagée comme la chambre de Josefina Duskova. Vous pouvez y voir les portraits des époux Dusek, des reproductions de partitions originales d'oeuvres de Mozart, ainsi qu'une exposition d'instruments de musique du XVIIIe siècle. Il y a, parmi eux, notamment le cor de basset, instrument peu utilisé à l'époque, mais que Mozart faisait retentir dans ses opéras. »

Le piano sur lequel jouait Mozart à Prague est exposé, cette année, à Vienne. A Bertramka, il est remplacé par un autre piano d'époque. Entre les jumelles de spectacle, servant aussi de boîte à bonbons, qui appartenaient à Josefina Duskova, des marionnettes anciennes représentant les personnages de Don Giovanni ou le livre de visite de la villa Bertramka, avec les signatures d'Antonin Dvorak, de Zdenek Fibich et d'autres pointures de la musique tchèque, entre tous ces objets donc, ce sont... les treize cheveux présumés de Mozart qui attirent le plus l'attention. Lenka Pokorna :

« Après la mort de Mozart, ses deux fils ont passé un certain temps ici, à la Bertramka, comme l'a voulu leur mère Constance. Ils suivaient des cours de musique chez Frantisek Dusek. Il parait que ces cheveux, ils les ont offerts à M. Nemecek, auteur de la biographie de Mozart qui les a pris en charge à Prague. Mais ce n'est pas prouvé scientifiquement, ce n'est qu'une supposition... »

C'était Magdalena Kozena dans un extrait de « La Clémence de Titus », composée par Mozart à l'occasion du couronnement de Léopold II. Mozart l'a présentée en première à Prague peu avant sa mort.

La Bertramka célèbre l'année Mozart par une série de concerts qui mettront à l'honneur également les oeuvres de Leopold et de Franz Xaver Mozart, donc du père et du fils de Wolfgang, ainsi que la musique de ses contemporains. A l'affiche des concerts figureront, par exemple, toutes les sonates pour violon de Mozart. Plus de détails sur www.bertramka.com

Auteur: Magdalena Segertová
mot-clé:
lancer la lecture