L’irrésoluble problème des jeux de hasard en République tchèque
Le nombre de ceux que l’on appelle les « joueurs excessifs », c’est-à-dire dépendants aux jeux d’argent et de hasard, a augmenté d’un tiers en République tchèque au cours des cinq dernières années. Bien que 100 000 personnes environ soient victimes de cette addiction, seules un peu moins de 2 000 d’entre elles suivent un traitement. Un phénomène qui s’explique, entre autres, par le fait que la République tchèque est le pays membre de l’Union européenne possédant le plus grand nombre de salles de jeux.
« Nous ne voulons de machines à sous dans quelque établissement de restauration que ce soit, pas plus que dans les stations-service. Nous voudrions davantage ajuster le réseau des salles de jeux et des casinos, qui deviendraient alors les seuls endroits donnant accès à ces jeux de hasard. »
Le projet de loi en question tend à ce que les salles de jeux et les paris effectués en ligne soient tous enregistrés, et à ce que le personnel effectue des contrôles obligatoires auprès des clients. Toutefois, les gains provenant des jeux de hasard représentent des revenus non négligeables, de l’ordre de plusieurs milliards de couronnes, pour les caisses de l’Etat et des communes. Actuellement, les gérants des salles de jeux et des bureaux de paris reversent 20% de la différence entre les montants des mises et des gains. Or, le ministère envisage d’instaurer un taux d’imposition distinct pour chaque type de jeu. Ondřej Závodský explique pourquoi :
« Le montant de ces différents taux d’imposition doit servir à refléter le danger social des différents types de jeux. »
Face au vrai problème social que représentent les salles de jeux, les positions adoptées par les communes tchèques diffèrent. A titre d’exemple, en 2013, Brno, la deuxième plus grande ville du pays, recensait près de 300 salles de jeux. Or, pour cette année, la municipalité a souhaité réduire ce nombre d’un dixième. Selon le maire Roman Onderka, l’arrêté municipal devrait permettre d’intervenir avec plus de rigueur, autrement dit par le biais d’une interdiction totale, la régulation des jeux de hasard ne suffisant pas.Inversement, d’autres communes peut-être moins regardantes sont entrées en conflit avec des activistes militant pour l’organisation de référendums. Ainsi, la municipalité d’Ústí nad Labem ayant opposé une fin de non-recevoir à plusieurs pétitions réclamant l’organisation d’un référendum, c’est le tribunal régional qui a décidé, le 15 septembre dernier, de l’organisation d’un référendum portant sur l’interdiction totale des jeux de hasard. De même, l’éventualité de l’organisation d’un référendum a été rejetée par les conseillers municipaux de Teplice. Il faut dire que, avant cela, les référendums organisés au printemps dernier par les 7e et 8e arrondissements de Prague ont été invalidés en raison des faibles taux de participation, respectivement 25% et 14%.
Cependant, le 1er arrondissement de la capitale, ainsi que quelques communes comme Štětí ou Lovosice, dans la région d’Ústí nad Labem profitent de la tenue des élections municipales ces vendredi et samedi pour organiser en parallèle un référendum.
Coordinateur de la lutte anti-drogue, Jindřich Vobořil doit élaborer, d’ici à fin mars 2015, un plan d’action pour lutter contre la dépendance au jeu et ses conséquences. Et selon lui, c’est d’intransigeance dont il convient de faire preuve dans ce domaine :« Il faut mettre en place des mesures à la fois draconiennes et raisonnables, car les joueurs peuvent se trouver des moyens de substitution. Une interdiction en elle-même ne résout pas grand-chose. C’est pourquoi le plan d’action, qui s’appuiera sur la partie législative, devrait contenir essentiellement des mesures préventives. »
Les propositions amorcées de ce plan d’action concernent notamment l’intégration obligatoire d’un code de l’éthique dans les salles de jeux, comme sur le modèle norvégien l’établissement de cartes de contrôle des joueurs. Afin de trouver une solution à cette situation sans issue, qui passe aussi par une responsabilité sociale collective, une assistance spécifique et particulière à l’égard des communes est attendue de l’Etat.