L’orgue à l’honneur pendant deux mois à Prague

L’orgue de la basilique Saint-Jacques-Le-Majeur, photo: Avfedorenko, public domain

Un temps menacée, la 25e édition du Festival international de musique d’orgue de Prague a débuté jeudi dernier. Une édition particulière d’un festival pas comme les autres.

4 claviers, 91 jeux, 8277 sifflets, si chaque orgue est différent, celui de la basilique Saint-Jacques-Le-Majeur de Prague, vieux de trois siècles, est assurément hors du commun. Sa panoplie de tonalités offre un terrain de jeu merveilleux pour tous les organistes du monde. C’est justement dans cette optique de faire travailler dessus le gratin mondial qu’Irena Chřibková, elle-même grande organiste, a créé le festival de musique d’orgue en 1995. Cette année était censée être un jubilé, mais en raison de la crise du coronavirus, l’organisation de cet événement a été chamboulée, comme nous l’explique son organisatrice.

Irena Chřibková,  photo: Petr Veber,  ČRo

« Normalement, la programmation du festival se prépare un an à l’avance. En mars, j’avais déjà tout le programme et ses interprètes. On a dû décider de la tenue ou non du festival. Une fois que je me suis décidée à maintenir le festival, je me suis rappelée que nous avions des interprètes en provenance de Séoul, de Suède et d’Azerbaïdjan, ce qui est compliqué. Nous avons convenus qu’ils viendraient l’année prochaine. J’ai dû changer la programmation du festival. Nous avons donc des interprètes venant de France, d’Autriche, de Pologne, d’Allemagne et les autres sont pragois. J’espère que cela sera intéressant pour les spectateurs. »

La venue des spectateurs représente la grande inconnue pour cette édition au vue du contexte sanitaire. Mais cela n’inquiète pas Irena Chřibková.

« En faisant le festival chaque année, le public est habitué à venir. Si on s’arrêtait cette année, les gens seraient perdus. Je suis ravie de pouvoir faire le festival même avec une autre programmation. Je pense que les gens viendront. Ils seront ravis, après cette période d’enfermement à la maison, de venir pour écouter de la musique ou pour aller au théâtre, parce que le contact social est nécessaire. »

Masque sur le visage, désinfection des mains à l’entrée, bancs de la basilique remplis au point que certains sont restés debout… Ils étaient plus de 150 à répondre présent pour la grande ouverture jeudi dernier. La première représentation d’une série de huit récitals a été effectuée par David Cassan, grand organiste français, titulaire du Grand-Orgue de l’Oratoire du Louvre à Paris. Cet artiste, normand d’origine, nous a reçus quelques minutes avant la représentation. Il a notamment évoqué ce que ce festival représentait pour lui.

« C’est la deuxième fois que je viens. Cela représente la fidélité, l’amitié puisqu’Irena me fait la grande amitié de me réinviter. Le lieu est super, de nombreux organistes français et du monde entier sont venus y jouer. C’est le plus grand orgue de République tchèque. L’instrument est très intéressant, notamment avec sa répartition spatialisée. L’orgue ne se trouve pas uniquement dans le buffet que l’on voit depuis la nef, certaines parties se cachent dans les galeries latérales. On n’a pas fini d’essayer cet orgue. »

David Cassan,  photo: A. Fillon/Site officile de David Cassan

Si l’artiste n’a pas fini de l’essayer, le public, lui, n’a pas fini de le découvrir. Ce festival est l’occasion de voir à l’œuvre cet instrument singulier qu’est l’orgue, un orchestre complet à lui seul, que nous présente David Cassan.

« J’ai commencé par le piano. C’est un formidable instrument mais je trouvais que c’était un peu noir et blanc, pour donner une métaphore, tandis que l’orgue c’était l’arc-en-ciel. C’est un peu comme un orchestre dont on n’a jamais fini de trouver des combinaisons et qui est sans cesse renouveler.  Par exemple, un son de trompette sur un orgue n’est pas le même que celui sur un autre orgue. On découvre toujours des lieux insolites, des acoustiques étonnantes. On ne s’ennuie jamais quand on fait de l’orgue. »

La basilique Saint-Jacques-Le-Majeur,  photo: Flejberková Monika,  CC BY-SA 4.0

Au programme musical de cette 25e édition : Jean-Sébastien Bach, César Franck ou encore Louis Vierne ainsi que les nouvelles œuvres de compositeurs tchèques contemporains comme Jiří Temel ou Lukáš Hurník.

Jusqu’au 24 septembre, des récitals seront réalisés par différents organistes tous les jeudi soir à 19h dans la basilique Saint-Jacques-Le-Majeur, dans la Vieille-Ville de Prague.

Pour toutes les informations, rendez-vous sur www.auditeorganum.cz

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