L'UE critique la gestion des administrations publiques tchèques par les politiques
La Radio tchèque a dévoilé, mercredi, un rapport de la Commission européenne critiquant rondement les politiciens tchèques pour leur mauvaise gestion de l’administration publique. Il s’agit de l’une des raisons aux nombreux gels de subventions européennes décidés par Bruxelles courant 2011. La Commission pointe notamment du doigt la tendance lourde des nouveaux gouvernements à remplacer une grande partie du personnel des administrations par des personnes qui leur sont proches.
La République tchèque ne parviendrait pas à optimiser ces fonds et de nombreuses affaires de corruption planent autour de leur gestion, la dernière condamnation en date remontant à juillet dernier et concernant la région d’Ústí nad Labem, dont certaines autorités semblent être passées maîtres dans l’art de détourner cet argent. Les subventions européennes des programmes opérationnels déjà cités ont repris fin octobre mais les critiques européennes persistent et le commissaire européen pour la Politique régionale, l’autrichien Johannes Hahn, interrogée par la Radio tchèque, énonce les domaines dans lesquels les autorités tchèques devraient selon lui concentrer leurs efforts :
« La République tchèque, comme les autres pays, devrait bien sûr insister sur la compétitivité de l’économie, sur le système d’innovation mais également sur les infrastructures classiques pour lesquelles il est nécessaire de poursuivre les investissements. Le système éducatif demande à être amélioré. Mais, nous devons aussi nous attaquer à des structures administratives qui restent faibles. »Et le point qui fâche principalement la Commission européenne concerne l’importante rotation de l’emploi qui affecte l’efficacité des administrations. Concrètement, les nouvelles majorités politiques remplaceraient systématiquement le personnel des services de l’Etat par des individus de leur bord politique. Karolína Peake, présidente de la plus petite formation du gouvernement, le parti LIDEM, ne dit pas autre chose :
« Il n’y a pas de ligne clairement établie entre les personnes nommées sur des critères politiques dans tel ou tel ministère et le personnel qui doit rester pour assurer une continuité même en cas d’alternance politique. Il n’est vraiment pas utile que chaque nouveau ministre remplace tous les agents d’entretien, les concierges jusqu'aux directeurs de cabinet. »Le gouvernement prépare une loi sur le sujet mais certaines critiques rapportées par la Radio tchèque considèrent que le texte envisagé devrait tenter de dépolitiser les administrations, ce qu’il ne ferait pas. Jan Rovenský, le président de l’Union intersyndicale des organes et organisations d’Etat, estime, pour sa part, que les politiciens sont effectivement incompétents en ce qui concerne la gestion administrative d’un cabinet ministériel :
« D’abord, ils ne sont pas capables de gérer les subventions européennes et ensuite il y a une méconnaissance du milieu des organes d’Etat et des problèmes qui les affectent. Ils peuvent également être influencés par quelques employés et cela mène une baisse globale de la qualité de fonctionnement des administrations d’Etat. »Un point de vue partagé par la Commission européenne qui regrette également que les administrations tchèques soient souvent en peine d’établir les demandes de subventions européennes adéquates. De plus, les autorités chargées de sélectionner les projets susceptibles d’acquérir des fonds européens étaient encore récemment liées au processus de distribution de cet argent, une source potentielle évidente de conflit d’intérêts. Un problème qui semble cependant avoir été réglé puisque c’est désormais le ministère des Finances qui sera en charge de cette sélection préalable.