L'univers instable de Petra Švecová exposé au studio PRÁM
Du 16 avril au 7 mai, le Studio PRÁM, situé dans le quartier de Vysočany au nord de Prague, héberge l’exposition « Jestli spíš, tohle se ti taky zdá », (Si tu dors, tu rêves de ça aussi), signée Petra Švecová, qui a décrit son parcours au micro de Radio Prague.
De grandes salles claires où sont disposés des tableaux à tendance abstraite, puis une brochure à l’entrée, dont voici les premiers mots :
« Des images qui se succèdent rapidement les unes aux autres, certaines se perdent dans la vitesse avec laquelle nous les voyons. Il y en a d’autres, solides et stables mais figées dans un entre-deux : impossible de les charger. Paysages brumeux et formes colorées, cartes indéchiffrables qui restent hors de notre mémoire et parfois au-delà de notre perception… Ne reste que la fascination. »
Mais laissons l’artiste nous présenter son exposition :
« Ma dernière œuvre porte surtout sur les images numériques, qui nous submergent au quotidien et dont nous ne nous rappelons pas. Je travaillais sur différentes couches, peignant mon tableau avant de l’effacer avec de la térébenthine. A partir de ce souvenir de la peinture originale, j’en créais donc une nouvelle. Ce n’est pas vraiment un acte de peinture mais d’effacement. La seconde partie de l’exposition se consacre à des tableaux faits de fils, une autre manière de rendre compte des informations auxquelles nous sommes confrontés. Avec ce léger déplacement, on les voit venir de divers horizons et parfois, elles sont insuffisantes. »
L’une de ces informations manquantes, c’est justement le titre des œuvres exposées. Petra Švecová explique pourquoi :
« C’est sans doute lié à la mise en scène de l’exposition comme un tout. Je ne veux pas que les gens se contentent de lire un titre. Bien sûr que j’aurais pu préciser les titres, techniques et mesures, mais je ne sais pas, dans ce cas précis, je ne trouvais pas cela important. Dans certaines de mes séries, je numérote juste mes tableaux. »
« Mes séries intitulées Windows se consacrent vraiment à la couleur, aux mélanges de couleurs. Les tableaux sous nos yeux sont plutôt dans un entre-deux : c’est un travail abstrait où se logent aussi des aspects figuratifs. Mais comme on l’a déjà dit, l’essentiel, c’est la peinture. Je veux qu’on le regarde comme de la peinture, comme un résultat, comme quelque chose qui nous parle et où on lit une information. Et cette information peut-être purement visuelle : j’aime bien, je n’aime pas, j’aime bien les couleurs, je ne comprends pas vraiment mais ça m’intéresse justement parce que je ne comprends pas. »Sur ces toiles, l’image se devine à peine. Les teintes sont claires, très pâles. Petra Švecová nous raconte :
« Je n’aime pas quand les couches de peinture sont trop épaisses, j’ai besoin de sentir la toile. Regardez les petits tableaux faits en fils, ils imitent en quelque sorte la toile. Et quand je peins mon tableau, je veux que l’on en voie la surface. »
Voir la matière, la réalité de la toile, certes, mais ces tableaux se lisent aussi comme les reflets d’une sensibilité envers le paysage, la nature.
« Je suis une peintre de paysage qui s’est progressivement tournée vers l’abstraction, mais le paysage m’inspire toujours profondément. Mon œuvre est certes abstraite, mais vous pouvez voir des horizons, des éclats de fleurs, des forêts… Oui, ça m’inspire profondément : quand je réalise des installations, c’est généralement en pleine nature. »« Je ne fais pas des installations pour faire des installations, mais par exemple, quand je suis quelque part, je travaille pour un village concret, un espace concret. Parfois, je travaille donc avec des installations, oui, parce que ça a du sens de faire quelque chose à ces endroit et moment précis. »
Un travail en plein air qui n’a malheureusement pas été possible au Studio PRÁM, bâtiment d’une ancienne blanchisserie transformé et rénové depuis peu. Moderne, grand et élégant, il offre à la belle saison une résidence pour les artistes en quête d’un espace idéal pour travailler, comme nous l’explique l’actuel directeur, Roman Kvita :
« On y apprécie surtout l’éloignement du centre-ville, qui permet de mieux se concentrer sur ses projets. Il y a aussi l’agréable rénovation du vieux bâtiment, où perce maintenant une belle lumière. Cet endroit est donc vraiment bien pour le travail des artistes, designers et photographes. Pour cette saison-là, on a des artistes qui viennent du Danemark et de la Norvège… L’Europe est surreprésentée, mais on a aussi eu une artiste coréenne qui est maintenant installée à Berlin. »