Lutte anti-fraude : le projet du Nid de cigognes ne sera pas subventionné par l’UE

Le Nid de cigognes, photo: ČTK

L’affaire de corruption dite du « Nid de cigognes », dans laquelle est empêtré le Premier ministre Andrej Babiš, continue à faire du bruit. Dans son rapport, l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) recommande aux autorités tchèques de retirer le projet de construction d’un centre récréatif appartenant au chef du gouvernement de la liste de projets cofinancés par les subventions européennes.

Le Nid de cigognes,  photo: ČTK
La publication du rapport d’enquête de l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) était très attendue. Finalement, le ministère des Finances n’a rendu publics que trois paragraphes de ce document qui compte pourtant une cinquantaine de pages. Le ministère a indiqué que le document ne pouvait pas être diffusé dans son intégralité, du fait que l’affaire du Nid de cigognes faisait l’objet d’une enquête de la police. Par ailleurs, cette dernière a d’ores et déjà inculpé onze personnes, dont le Premier ministre et président du mouvement ANO Andrej Babiš et le vice-président d’ANO Jaroslav Faltýnek.

Pour rappel, c’est la société Agrofert, longtemps propriété de M. Babiš, qui est accusée d'avoir bénéficié illégalement de 50 millions de couronnes (près de 2 millions d'euros) pour la construction de ce fameux complexe récréatif surnommé le Nid de cigognes et situé en Bohême centrale.

Alena Schillerová,  photo: ČTK
Dans son rapport, l’OLAF appelle la République tchèque à retirer le projet du Nid de cigognes du Programme opérationnel régional de solidarité pour la Bohême centrale et ainsi donc des projets cofinancés par les subventions européennes. Le ministère des Finances a fait savoir qu’il accepterait cette recommandation. Par conséquent, la République tchèque s’engage à débloquer les 50 millions de couronnes de son propre budget.

Pour sa part, la ministre des Finances Alena Schillerová (ANO) a pour la première fois admis que le financement du grand complexe hôtelier pourrait être opaque :

« Si l’organe consultatif de la Commission européenne recommande de retirer la ferme du Nid ce cigognes des projets financés par l’Union européenne, c’est parce qu’il doit y avoir des disparités au niveau du financement du dossier. »

Andrej Babiš,  photo: ČTK
Si les représentants de la majorité des partis représentés à la Chambre des députés se sont réjouis de la décision de l’Office européen de lutte anti-fraude, le Premier ministre Andrej Babiš, pour sa part, continue à nier les faits qui lui sont reprochés :

« Mon ancien entreprise a porté plainte contre l’Office européen de lutte anti-fraude auprès du médiateur européen. Une personne inculpée dans cette affaire s’est adressée à la Cour de justice européenne. Tout cela pour dire que l’Office européen de lutte anti-fraude n’est pas tout-puissant. »

La Chambre des députés se penchera sur l’affaire du Nid de cigognes la semaine prochaine. Surtout, elle devra à nouveau décider d’une éventuelle levée de l’immunité parlementaire d’Andrej Babiš, renouvelée suite aux élections législatives d’octobre dernier.