Malgré la controverse, des avions-papillons bariolés de David Černý installés sur le bâtiment Máj

Deux immenses sculptures de l’artiste tchèque David Černý ont été installées pendant le week-end sur la façade de l’emblématique magasin Máj à Prague. Mi-avions de chasse, mi-papillons, ces installations controversées sont, selon l’artiste, un hommage aux aviateurs tchécoslovaques engagés dans la RAF pendant la Deuxième Guerre mondiale.

On lui doit d’avoir repeint en rose un tank soviétique dans les années 1990, des sculptures de bébés géants, un code-barre à la place du visage, qui rampent sur la tour de télévision de Žižkov, une fontaine représentant deux hommes urinant dans un bassin en forme de carte de la Tchéquie ou encore la tête tournante de Franz Kafka, une des attractions préférées des touristes à Prague.

Depuis ce week-end, à quelques mètres de cette tête géante de l’écrivain pragois, se trouvent deux nouvelles sculptures réalisées par celui qui est considéré comme l’enfant terrible de la scène artistique tchèque : à 56 ans, David Černý, look d’adolescent éternel vêtu de noir, ne rechigne jamais à susciter une polémique. Pourtant, à l’entendre, son projet a tout du sérieux que sous-entend le thème de ses sculptures :

David Černý | Photo: Ian Willoughby,  Radio Prague Int.

« Pendant la Deuxième Guerre mondiale, des pilotes d’avions de chasse ont réussi à empêcher l’armée allemande d’envahir la Grande-Bretagne. Si vous regardez bien, cet avion de chasse, le Spitfire, n’est pas très grand, surtout en comparaison avec les grosses machines allemandes. »

Rappel du rôle joué par les aviateurs tchécoslovaques engagés dans la RAF, les deux sculptures de plus de cinq tonnes chacune ont été flanquées d’ailes de papillon d’une envergure de 15 mètres de large, et peintes en violet et bleu.

Mais bien avant leur installation, ces étranges insectes métalliques, voués à être mobiles, ont créé des remous dans l’opinion publique. Et pas seulement en raison du débat télévisé houleux, fin avril, qui a opposé l’artiste à Marie Foltýnová, de la Galerie de la ville de Prague. Le Club du Vieux Prague a qualifié le projet de « kitsch » et l’Institut national du patrimoine a pour sa part estimé que la façade de l’ancien grand magasin était une œuvre d’art de grande valeur et n’avait pas besoin d’être complétée.

Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

Edifice emblématique de la période communiste considérée comme plus « prospère », le grand magasin Máj a ouvert ses portes au public en 1975. En 2006, il a été classé sur la liste du patrimoine culturel par le ministère de la Culture. Depuis deux ans maintenant, le bâtiment subit d’importants travaux de rénovation lancés par le promoteur privé qui possède l’établissement. Ce dernier défend d’ailleurs le projet de David Černý.

Pour Eva Jiřičná, architecte tchèque de renom, interrogée devant le bâtiment Máj, alors que des ouvriers fixaient les avions-papillons métalliques sur la façade, tout le brouhaha sur leur pertinence s’apparente à beaucoup de bruit pour rien :

« C’est gai, c’est coloré, c’est immense, mais pourquoi pas ? Voilà ma première impression. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi cela suscite autant de remous et d’attention. »

En attendant, pour se faire un avis, il suffit de faire un tour au centre-ville de Prague, au croisement des rues Spálená et Národní, où suite à l’autorisation des  responsables du patrimoine de la ville de Prague, les sculptures pourront demeurer sur la façade pendant un an.

Photo: Aleš Berný,  ČTK
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