Malgré la crise, le gouvernement entend bien privatiser l’aéroport de Prague

Letiště Praha

Le gouvernement a rejeté, lundi, le projet présenté par les députés sociaux-démocrates d’interdire la privatisation de l’aéroport de Prague – Ruzyně. Le principal parti d’opposition reproche à la coalition de vouloir vendre l’aéroport alors que la crise économique bat son plein et ainsi de risquer de ne pas recevoir d’offres satisfaisantes.

Bohuslav Sobotka
Les sociaux-démocrates considèrent comme une mauvaise décision de vouloir privatiser l’aéroport dans une période de crise peu propice à une telle transaction. Le député Bohuslav Sobotka, vice-leader de la social-démocratie, estime que le gouvernement hasarde là avec les intérêts du pays :

« Le gouvernement a choisi la plus mauvaise forme de vente de l’aéroport. Il a d’abord choisi un très mauvais moment : en pleine crise économique, quand la valeur de tous les actifs est en train de baisser et les ressources financières viennent à manquer non seulement dans les caisses de l’Etat mais aussi dans celles des entreprises et des candidats potentiels à l’achat de l’aéroport, le gouvernement a mis en marche la privatisation de l’un des biens clefs de l’Etat. Il est évident qu’en pleine crise économique, le gouvernement ne peut pas recevoir de propositions financières intéressantes. »

Miroslav Kalousek,  photo: CTK
Une vision des choses qui n’est bien entendu pas partagée par le gouvernement, qui espère récupérer jusqu’à 100 milliards de couronnes (3,75 milliards d’euros) de la vente de l’aéroport. Le ministre des Finances, Miroslav Kalousek, est même d’avis que la crise actuelle pourrait jouer en faveur des intérêts de l’Etat tchèque :

« C’est la crise et on ne recevra pas un bon prix : c’est effectivement une possibilité. Mais on peut tout aussi bien se dire que justement parce que c’est la crise, il y a plein de liquidités dans le monde mais peu de projets d’investissement intéressants. Et c’est pourquoi, paradoxalement, nous pourrions recevoir un très bon prix. »

La décision de privatiser l’aéroport de Prague a été adoptée en juin dernier. L’appel d’offres n’a toutefois pas encore été lancé, ses conditions devant encore être définies par le gouvernement probablement en septembre prochain.

Aéroport international de Prague
Parallèlement, début février, l’appel d’offres pour la privatisation de ČSA (Czech Airlines) a, lui, été lancé. Et la compagnie nationale Aeroflot Russian Airlines a été la première à faire part de son intérêt pour l’ensemble des actions mises en vente par l’Etat tchèque, qui détient 91,51 % du capital de ČSA (pour un montant estimé entre 3,5 et 5 milliards de couronnes). Les sociétés intéressées ont jusqu’à lundi prochain pour présenter leurs offres, le nouveau propriétaire devant être connu avant la fin du mois de septembre. En attendant, l’annonce d’Aeroflot n’a pas laissé indifférents les médias et l’opinion publique tchèques, nombreux étant ceux qui redoutent que la compagnie dont 51 % des actions sont la propriété du gouvernement russe puisse ensuite également avoir des vues sur l’autre morceau, bien plus gros, qu’est l’aéroport de Prague.