Massif central de Bohême

Je vous invite à découvrir l'un des plus beaux coins de Bohême - le Massif central de Bohême - où, au-dessus des vallées et des plaines étendues et riches en vergers, on voit se dresser des collines et des cones aux parois abruptes, d'origine volcanique. Le cours large et calme de l'Elbe se fraie majestueusement un passage à travers cette région fertile. D'après une vieille légende, c'est dans ce pays autour du mont Rip que l'ancêtre Cech vint s'établir avec sa tribu, pour ne plus jamais le quitter: tellement il était enchanté par la beauté du paysage qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux émerveillés. Si je vous donnais envie de visiter cette région, je vous propose ma compagnie.

Milesovka est le plus haut mont du Massif central de Bohême (837m au-dessus de mer) abritant sur son sommet l'une des plus anciennes stations météorologiques d'Europe. Il s'agit d'une localité importante non seulement sur le plan scientifique, esthétique, culturel mais Milesovka est aussi une cible touristique populaire des Tchèques. On dit que Milesovka est une montagne tchèque ayant l'histoire allemande, car c'est Alexander Humboldt, scientifique et explorateur allemand, qui l'a montée pour la première fois en 1819, en compagnie du roi prussien Friedrich Wilhelm III. Depuis, ils ont monté la montagne chaque année jusqu'en 1839. Humboldt considérait la vue de Milesovka comme l'une des plus belles en Europe. Il organisait des expéditions qui dormaient sur Milesovka pour observer de son sommet la levée du Soleil. Selon lui, les couleurs qui accompagnaient ce phénomène naturel étaient de jamais vu. En 1903, l'association alpine Gebirgsverein de Teplice construit au sommet un observatoire météorologique avec un belvédère. L'observatoire jouit bientôt d'une réputation internationale. Dirigé par l'Université allamande de Prague, il entre au service de la Wermacht pendant la guerre. Après les événements de 1968, on ferme l'hôtel ainsi que le restaurant de Milesovka parce que c'est l'armée qui s'y installe jusqu'en 1990, où l'on stoppe le processus de délabrement. Monter Milesovka vaut la peine, car c'est le regard sur le « jardin de la Bohême » qui s'ouvre devant vous, toute la région étant réputée entre autres pour sa pomiculture développée...

L'un des plus beaux châteaux qui dominent le Massif central de Bohême s'appelle Hazmburk. L'histoire de ce château nommé initialement Klepy, d'après le sommet sur lequel il se dresse et le village à son pied, date de la première moitié du XIIIe siècle. Construit par les Lichtenburk, en 1250, il est devenu propriété du roi de Bohême Jean de Luxembourg, au début du XIVe siècle. En 1335, il est acheté par l'un des plus importants nobles du royaume, Zbynek Zajic de Valdek qui lui a donné un nouveau nom - Hasenburg, le château de lapin, car le nom Zajic, das Hase en allemand, veut dire le lapin. Aujourd'hui, on peut admirer de loin les deux tours du château, dont la tour noire appelée d'après le matériel utilisé pour sa construction - le basalte, et la tour blanche en grès. Le château Hazbmurk est abandonné depuis 1558.

Visitons maintenant la capitale du Massif central de Bohême, Litomerice. Je l'ai visitée il y a peu et cette ville m'a littéralement enchanté. Elle a neuf grandes places dominées chacune par une église. Mentionnons au moins l'église de Tous-les-Saints, érigée vers le milieu du XIIIe siècle et remaniée dans le style baroque par l'architecte Octavio Broggio, natif de Litomerice. La cathédrale Saint-Etienne est réputée pour sa décoration précieuse, dont des peintures de l'école de Lucas Cranach ou des peintures de Karel Skreta. Parmi les plus remarquables édifices de Litomerice, il y a l'hôtel de ville de style gothique tardif remanié dans le style renaissance. Il abrite le musée municipal contenant des sculptures du XVIe siècle, une belle collection de céramique peinte et le fameux « Livre de cantiques » utraquiste de la première moitié du XVIe siècle. La ville donnait l'hospitalité à nombre de personnalités tchèques, dont le grand poète lyrique tchèque Karel Hynek Macha, mort à Litomerice en 1836.

Visitons maintenant la ville de Terezin connue plutôt sous le nom allemand de Theresienstadt. La citadelle et la ville furent fondées en 1780 sous l'empereur Joseph II dans le style classique. La ville fut entourée de puissantes murailles en briques et de fossés qui pouvaient à tout moment être remplis d'eau. Etant abolie en 1882, la forteresse de Terezin n'a jamais servi à son usage primitif. Depuis le milieu du XIXe siècle, la forteresse servait de prison où l'on enfermait des prisonniers de guerre et des détenus politiques. C'est ici que furent détenus jusqu'à leur mort les révolutionnaires italiens, ennemis de la monarchie austro-hongroise, et Gavrilo Princip, auteur de l'attentat de Sarajevo qui coûta la vie à l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche. En 1942, le protecteur du Reich, Reinhard Heydrich, fit transformer Terezin en ghetto et la Petite forteresse en une redoutable prison. Des dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants périrent dans la Petite forteresse, dont beaucoup sont enterrés au Cimetière national aménagé à proximité. Les casemates abritent un musée consacré aux victimes du ghetto de Terezin.

Auteur: Astrid Hofmanová
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