Maxime Chostakovitch a enregistré, à Prague, les quinze symphonies de son père
Cela fait plus de dix ans que le chef d'orchestre russe Maxime Chostakovitch, 67 ans, revient régulièrement en République tchèque, pour interpréter, avec l'Orchestre symphonique de Prague FOK, les symphonies de son célèbre père, le compositeur Dimitri Chostakovitch. Le projet s'est achevé en ce début du mois de mars, par une série de concerts à la Maison municipale de Prague.
Avec l'orchestre pragois, Maxime Chostakovitch vient d'interpréter et d'enregistrer « en live » l'oeuvre symphonique complète de son père : quinze symphonies au total qui reflètent, à travers un destin humain, toute la « tragédie soviétique ». Car Dimitri Chostakovitch, mort en 1975, tantôt applaudi, tantôt critiqué par le régime stalinien, est considéré comme un « opposant intérieur » au communisme qui s'inquiétait en permanence de son propre sort et de celui de sa famille. Son fils Maxime, pianiste de formation qui a commencé à diriger les oeuvres de Dimitri Chostakovitch encore de son vivant, s'est exilé, en 1981, aux Etats-Unis. Son fils aîné est installé en France, mais avec ses deux autres enfants Maxime Chostakovitch est récemment revenu en Russie. Diriger les oeuvres de son père, c'est, pour lui, une affaire de coeur. A l'issue de son dernier concert pragois, il a raconté à Olga Kalinina de la section russe de Radio Prague :
« Je dirige de plus en plus souvent la musique de mon père. Elle m'est très chère et très proche. J'ai l'impression que mon père est avec moi. Quand je dirige, il m'arrive d'entendre clairement sa voix. Car chaque musique reflète le caractère de son auteur, sa manière de parler, ses joies et ses peines. La musique n'est rien d'autre qu'un homme. »
« J'aime travailler avec les musiciens tchèques. Nous nous comprenons parfaitement parce que nos deux pays ont plus ou moins la même histoire », explique Maxime Chostakovitch. Pourquoi a-t-il choisi l'Orchestre symphonique de Prague FOK ?
« Cette collaboration a commencé d'une manière assez naturelle et spontanée. J'ai été invité à jouer avec l'orchestre, ça s'est bien passé, j'ai aimé sa manière de jouer et c'est comme ça que nous nous sommes mis d'accord sur l'enregistrement des symphonies. Il y en a quinze, donc, effectivement, ça a pris plusieurs années. Je suis content qu'on ait réussi à terminer ce travail cette année, où on célèbre le centenaire de la naissance de mon père. Ce que j'ai aimé aussi, c'est le fait que nous avons réalisé tous les enregistrements en public. Car ceux qui sont faits en studio sont peut-être meilleurs au niveau technique, mais... J'ai un ami qui dit que c'est comme un puzzle. »
Si tout ce passe bien, les quinze symphonies de Dimitri Chostakovitch, interprétées à Prague sous la baguette de son fils Maxime sortiront, cette année encore, sur CD chez Supraphon.