Miloš Zeman veut nommer l’épouse de Václav Klaus ambassadrice en Slovaquie

Livia Klausová, photo: CTK

Pour de prétendus adversaires politiques, anciens ennemis jurés, les deux hommes s’entendent décidément plutôt bien. Après le soutien de sa candidature par son prédécesseur au Château de Prague lors de la campagne électorale, le nouveau président de la République Miloš Zeman tient visiblement à rendre la politesse à Václav Klaus. Jeudi, en effet, il a fait savoir qu’il souhaitait que Livia Klausová, l’épouse de l’ancien chef de l’Etat, soit nommée ambassadrice en Slovaquie. Une annonce qui n’a bien entendu pas manqué de faire grincer pas mal de dents, notamment du côté du ministère des Affaires étrangères.

Livia Klausová,  photo: CTK
L’ancien cosmonaute communiste Vladimír Remek en Russie, l’ancien Premier ministre et candidat malheureux à l’élection présidentielle Jan Fischer en Israël et maintenant l’ancienne Première dame Livia Klausová en Slovaquie. Les idées originales, plus ou moins bonnes selon la perception de la chose diplomatique et l’appartenance politique de leurs partisans ou opposants, ne manquent décidément pas ces derniers temps pour désigner de nouveaux ambassadeurs. Mais l’idée de la candidature Livia Klausová, même si celle-ci est née à Bratislava, est assurément celle qui fait le plus jaser. Certes pas son mari, Václav Klaus, qui s’est dit convaincu que son épouse, qui comme lui a publiquement soutenu Miloš Zeman en début d’année lors de la campagne présidentielle, aurait tout le respect qu’elle mérite en Slovaquie si les fonctions d’ambassadrice, qu’elles rempliraient parfaitement selon l’ancien président, lui étaient bien confiées. Seul problème, et de taille, le ministre des Affaires étrangères est formellement opposé à ce qui ressemble à des échanges de bons procédés politiques. Même avec une diction toujours aussi hésitante et tortueuse, Karel Schwarzenberg a les idées bien arrêtées sur la question :

Karel Schwarzenberg | Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
« J’ai toujours été partisan de l’idée qu’une ambassade ou une représentation diplomatique devrait être dirigée par un professionnel. »

Une phrase, une seule, qui suffit pour tout dire et exprimer sans contours le fond de sa pensée. Karel Schwarzenberg, dont c’est un doux euphémisme d’affirmer qu’il n’apprécie pas outre mesure Václav Klaus, est d’autant plus opposé à la candidature de Livia Klausová qu’un autre candidat, un diplomate de carrière, a déjà été choisi en bonne et due forme pour remplacer l’actuel ambassadeur en Slovaquie l’été prochain. La nomination de Jaromír Plíšek, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, a même déjà été approuvée par le gouvernement et signée par… Václav Klaus lorsqu’il était encore président. Selon Karel Schwarzenberg, lors de son dernier voyage officiel en Slovaquie en février dernier peu avant la fin de son mandat, Václav Klaus avait d’ailleurs présenté Jaromír Plíšek à la partie slovaque comme le nouvel ambassadeur. Autant de raisons qui expliquent pourquoi le ministre, qui a qualifié l’idée du président Zeman de « très inhabituelle », estime qu’une éventuelle nomination de Livia Klausová constituerait une grande déception pour l’ensemble du corps diplomatique. Et pour beaucoup, comme pour le directeur de l’Institut des relations internationales, Petr Drulák, il s’agit là de raisons objectives :

Petr Drulák,  photo: PISM
« Je pense que c’est une situation relativement malheureuse. La désignation des ambassadeurs ne peut pas être envisagée de cette manière. D’une part, ce sont des choses qui doivent être discutées et traitées en toute confidence, et d’autre part vous avez besoin de l’accord du pays d’accueil. Il n’est pas possible d’annoncer ses préférences personnelles en conférence de presse comme l’a fait Miloš Zeman par la voix de son attachée de presse et d’attendre quelles réactions cette annonce va provoquer. Je considère que c’est un manque de professionnalisme du président de la République. »

Au vu des réactions majoritairement négatives qu’a fait naître l’annonce du souhait de Miloš Zeman, difficile aujourd’hui d’imaginer que Livia Klausová, qui ne s’est pas exprimée sur sa candidature, puisse être nommée ambassadrice. Néanmoins, en cas de refus du ministère, le président de la République pourrait, lui, se faire un plaisir par la suite de bloquer la nomination d’autres ambassadeurs.