Le Président de la République nomme enfin les premiers nouveaux ambassadeurs

Miloš Zeman, photo: CTK

Après plusieurs mois d’immobilisme diplomatique, provoqué par le différend opposant l’ancien ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, et le Président de la République, Miloš Zeman, ce dernier a signé ce jeudi les décrets de nomination de quinze nouveaux ambassadeurs. Le chef de l’Etat a profité de la mise en place de « son » gouvernement d’experts, pour faire valoir son point de vue sur la diplomatie tchèque.

Miloš Zeman,  photo: CTK
Depuis ce jeudi, quinze nouveaux ambassadeurs prendront leur poste en Pologne, au Danemark, au Portugal, au Luxembourg, ainsi que dans certains pays africains, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Nigéria, car Miloš Zeman a signé leurs décrets de nomination. Or, depuis le mois de mars, le Président de la République avait refusé à trois reprises la liste des nouveaux ambassadeurs, soumise par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, entrainant ainsi un marasme diplomatique. L’opposition entre les deux hommes s’était essentiellement manifestée sur des postes importants, en Slovaquie et en Russie. Plus précisément, Miloš Zeman souhaitait voir au poste d’ambassadrice en Slovaquie, Lívia Klausová, l’épouse de l’ancien Président Václav Klaus, et au poste d’ambassadeur en Russie, le cosmonaute eurodéputé communiste, Vladimír Remek. Or Karel Schwarzenberg avait refusé de soumettre leurs noms, en raison notamment du fait que tous deux avaient soutenu Miloš Zeman, lors de l’élection présidentielle au mois de janvier. Mais avec la démission du gouvernement Nečas, et la formation du nouveau gouvernement de Jiří Rusnok, nommé lui-même par Miloš Zeman, la nomination des ambassadeurs s’est, semble-t-il, débloquée comme par magie. Le chef du Bureau international du Château de Prague, Hynek Kmoníček, s’est exprimé ce jeudi quant à la possible nomination de Klausová et Remek, lors de la seconde vague de désignation des ambassadeurs, le mois prochain :

Hynek Kmoníček
« Bien évidemment que le débat portera sur ces deux noms, toutefois c’est le gouvernement qui doit décider en premier lieu ; c'est-à-dire que lorsque le ministre des Affaires étrangères sera d’accord sur ces deux noms, et Jan Kohout (l’actuel ministre des Affaires étrangères, ndlr) a précédemment affirmé qu’il les approuvait. Il les présentera au gouvernement, qui devra les accepter. Et ce n’est qu’après acceptation, qu’intervient le rôle du Président. »

Le chef du Bureau international du Château de Prague, Hynek Kmoníček, a tenu à assurer ce jeudi, que les quinze premiers ambassadeurs récemment nommés, ont été précédemment proposés par Karel Schwarzenberg, lui-même. Les dix prochains noms d’ambassadeurs, devant être rendus public le mois suivant doivent réunir également des diplomates de carrière. Néanmoins, pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg, il s’agit là d’une extension continuelle des pouvoirs du Président de la République :

« Un des buts de la mise en place de ce gouvernement d’experts par Miloš Zeman a été de lui rendre possible la nomination selon sa volonté arbitraire ».

Si les postes d’ambassadeurs en Russie et en Slovaquie ont créé la discorde, le chef du Bureau international du Château de Prague, Hynek Kmoníček, affirme qu’une entente sur les noms de Klausová et de Remek existe actuellement. Le ministre des Affaires étrangères, Jan Kohout, confirme indirectement :

Jan Kohout,  photo: CTK
« Les ambassadeurs doivent être des personnes qui ouvrent également la porte à la sphère entrepreneuriale, et de ce point de vue, les personnes de Lívia Klausová ainsi que de Vladimír Remek, répondent tout à fait à ces conditions. »

S’il s’agit d’une alternance routinière au sein de la vie politique, d’après le directeur de l’Institut des relations internationales, Petr Kratochvíl, le problème réside ailleurs :

« Le problème crucial réside dans la relation triangulaire entre le ministère des Affaires étrangères, le Bureau du gouvernement et le Président de la République, car tous les trois veulent, dans une certaine mesure, s’immiscer dans la politique internationale. Et s’ils existent des liens politiques entre eux, alors cela peut se projeter justement sur la nomination des ambassadeurs. Les noms des deux personnes qui font polémique, sont plutôt de l’ordre de controverses nationales, cela n’a pas vraiment de retentissements à l’étranger. »

Néanmoins, Petr Kratochvíl rajoute :

Petr Kratochvíl,  photo: Alžběta Švarcová,  ČRo
« Bien évidemment, la question clé est de savoir combien de temps durera le gouvernement de Jiří Rusnok. Concernant les relations à long terme entre le Président de la République et le ministre des Affaires étrangères, je crois que ce qui sera intéressant ce n’est pas la situation sous le ministère de Jan Kohout, mais l’évolution de la situation après les nouvelles élections, qui verront probablement une victoire des sociaux-démocrates. »

Les relations diplomatiques peuvent ainsi encore radicalement évoluer.