Miroslav Tichý et Zdeněk Vašíček s’en sont allés
Le photographe Miroslav Tichý (*1926) et le philosophe et essayiste Zdeněk Vašíček (*1933) s’en sont allés, mardi et mercredi. Retour sur ces deux personnalités de la culture tchèque, qui étaient des amis.
Il accumule des milliers de clichés, révélant chez les femmes de Kyjov autant d’odalisques et de muses cachées au commun des mortels. Lorsque, dans les années 2000, le psychiatre suisse d’origine tchèque Roman Buxbaum, également de Kyjov, fait des photographies de Tichý des objets d’art et de galerie, la polémique enfle sur la légitimité d’exposer des œuvres dont Tichý refuse toute publicité. Au-delà des querelles intestines dans le petit monde de l’art, une chose est sûre : une fois ces photos sorties de l’ombre, difficile de ne pas y voir une démarche artistique, quelle qu’ait été la volonté première de son créateur… A n’en pas douter, avec la disparition de Miroslav Tichý, mardi, à l’âge de 84 ans, c’est un des plus grands photographes tchèques du XXe siècle qui s’est éteint…
Et son ami Zdeněk Vašíček, gravement malade, nous a également quittés mercredi… L’auteure de ces lignes ayant également connu et apprécié le bonhomme, il est quelque peu difficile de se résoudre à faire un résumé bref d’un personnage aussi riche.
On pourrait évidemment répéter qu’il a fait des études de philosophie et d’histoire à Prague, qu’il a été condamné, en 1972, à trois ans de réclusion, qu’il a travaillé comme ouvrier à sa sortie de prison, qu’il a été l’un des premiers signataire de la Charte 77, qu’il a émigré dans les années 1980 et a vécu en France. Tout cela est vrai, mais peu complet…Pour Françoise Mayer, directrice du Cefres et surtout son amie de longue date, Zdeněk Vašíček était avant tout un « homme de la Renaissance » : homme d’une érudition et d’une ouverture d’esprit comme on n’en trouve plus guère, il était aussi de ceux qui savent partager ce savoir, qui suscitent l’envie de penser, de réfléchir… Disponible, curieux, Zdeněk Vašíček s’entourait d’amis et de proches de toutes catégories sociales et de toutes catégories d’âge sans distinction, distribuant avec malice, parfois avec colère, toujours avec enthousiasme, ses idées, ses opinions.
Comme le rappelle encore Françoise Mayer, Zdeněk Vašíček n’était pas un homme de « clan », chérissant avant tout ce qui fait qu’un homme est un homme, la liberté en toute chose. D’ailleurs, Zdeněk lui-même disait des personnes qu’il admirait qu’elles étaient un « člověk », « quelqu’un, un homme ».
Avec la mort de Zdeněk Vašíček, c’est aussi « quelqu’un » qui disparaît… et nos pensées vont en ces jours difficiles à sa famille et à ses proches.