Nancy a vu les performances extrêmes des artistes tchèques

Le temps passe vite... Au printemps 2002, le ministre tchèque de la Culture, Pavel Dostal, a inauguré, à Paris, Bohemia Magica, une saison tchèque en France. Ce week-end, il a assisté, à sa clôture solennelle. Ceux, parmi vous, qui n'ont pas eu l'occasion d'aller aux concerts, spectacles, expositions, débats et rencontres, qui étaient au programme de ce festival de la culture tchèque, ont pu le faire avec nous, sur les ondes de Radio Prague. Aujourd'hui, je vous propose un retour en arrière. Nous allons nous rendre, toujours dans le cadre de Bohemia Magica, dans l'est de la France. L'exposition Corps et traces dans la création tchèque, au Musée des beaux-arts de Nancy, nous ouvre ses portes. Elle s'est terminée en novembre dernier déjà, mais... à la radio, on peut tout faire, même voyager dans le temps...

Bohemia Magica
A la fin des années 60 apparaît, en Europe, le mouvement artistique body art, autrement dit, l'art corporel. Très vite, il trouve un écho dans l'ancienne Tchécoslovaquie. L'époque du bouillonnement culturel, de la libéralisation de la société, est propice à toute sorte d'expériences artistiques, y compris celles que les plasticiens font avec leurs corps. Après l'échec du Printemps de Prague, dans les années 70, l'art corporel a une nouvelle fonction : il permet aux artistes-performateurs de protester contre les répressions communistes, contre le manque de liberté. Les performateurs (performance vient du verbe anglais "to perform", interpréter) vont au bout de leurs forces physiques et mentales, ils mettent à l'épreuve leur propre corps. Dans les lieux publics, ou dans leurs ateliers, les artistes organisent des happenings : ils se blessent, ils se mutilent... tout cela pour bouleverser le public, pour le choquer, le réveiller de sa léthargie. Leurs gestes, qui peuvent nous sembler assez cruels, deviennent, eux-mêmes, oeuvres d'art. Pour garder les traces de leurs performances, les artistes utilisent la photo, l'écrit ou la vidéo. Ainsi, l'exposition nancéienne a présenté, en photographies, les performances des plasticiens tchèques renommés des années 1960-1970. Commençons par le plus connu, peut-être, parmi eux, Milan Knizak - opposant, pendant toute sa vie, au régime communiste et, après la Révolution de velours, recteur de l'Ecole des beaux-arts de Prague. Katell Coignard, conservatrice du musée de Nancy.

Difficile, pour les jeunes visiteurs de l'exposition, de plonger dans le passé d'un pays inconnu, de comprendre les préoccupations de ses habitants... En plus, certains des étudiants de BTS que j'ai croisés dans les salles, ont avoué n'avoir jamais mis les pieds dans un musée. Ecoutons les...

La seconde partie de l'exposition nancéienne Corps et traces dans la création tchèque a présenté la jeune génération artistique. Veronika Bromova, Katerina Vincourova, Frederico Diaz, Jiri Cernicky... ils ont tous une trentaine d'année et, dans leur pays, ils se sont déjà fait une belle renommée. Tout comme leurs prédécesseurs, ces jeunes plasticiens tchèques s'inspirent du corps, mais pour créer leurs installations ludiques, ils utilisent d'autres techniques et moyens artistiques : la photographie numérique, la vidéo, l'informatique, le son. Ce n'est pas la politique qui les interpelle, mais l'écologie, le racisme, le voyeurisme, la perfection exigée du corps féminin, le mystère de la vie humaine, la naissance et la mort...

Ce n'est pas par hasard que l'exposition sur le corps dans l'art tchèque ait été organisée à Nancy. Blandine Chavanne, directrice du musée...

Auteur: Magdalena Segertová
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