La fête des apôtres saint Cyrille et saint Méthode
Le 5 juillet a été proclamé, en 1990, la Fête nationale de notre pays, en hommage des évangélisateurs slaves, saint Cyrille et saint Méthode, venus en 863, pour propager le christianisme en langue slave dans notre pays.
Le christianisme se propageait sur le territoire de notre pays depuis le début du 9e siècle. En 845, quatorze princes tchèques se convertissent au christianisme pour renforcer leurs pouvoir à la tête des différentes principautés. Au fur et à mesure, celle de Moravie devient le centre, autour duquel se développe la nouvelle formation étatique, le premier Etat commun des Tchèques et des Slovaques, l'empire de la Grande Moravie. Afin d'assurer une indépendance de cette dernière de l'épiscopat bavarois, le prince Rostislav décide de la création d'organismes ecclésiastiques moraves autonomes. A cette fin, il s'adresse, déjà vers 861, au pape Nicolas 1er avec la demande d'envoyer des maîtres du christianisme directement de Rome. Le pape est resté sourd envers sa demande. Rostislav s'est donc adressé au deuxième centre du christianisme qui se trouvait, alors, à Constantinople. L'empereur byzantin, Michel III, alors en litige avec la curie de Rome, s'est montré, par contre, très ouvert envers la demande du prince morave. Il y voyait une occasion d'élargir l'influence de Byzance vers l'intérieur de l'Europe. Il a chargé de mission deux Grecs de Salonique, Cyrille et Méthode, qui non seulement connaissaient les langues slaves, mais qui étaient des missionnaires expérimentés: ils ont introduit le christianisme en Dalmatie, en Hongrie, en Pologne et en Crimée.
Cyrille, de son propre nom Constantin, jouissait d'une réputation d'érudit et de littéraire, qui parlait le grec, le latin, l'hébreu, l'arménien et la langue vieille-slave, le slavon. Cyrille est le créateur d'un alphabet glagolitique, saisissant les particularités phonétiques de la langue slave, et appelé, à sa mémoire, l'alphabet cyrillique. Avec son frère, Méthode, il a traduit la bible, des textes liturgiques, certains textes juridiques. Le slavon est devenu une langue de la liturgie chrétienne en Grande Moravie.
Son frère, Méthode, jouissait d'une réputation non moins glorieuse. Les biographies de Cyrille et Méthode, rédigées également en slavon, le décrivent comme un homme-soleil, qui a dissipé la brume de l'ignorance et éclairé par une lumière riche les coeurs de tous. Méthode, qui au départ n'a reçu que des ordres mineurs et seulement plus tard a été sacré archevêque, a été érudit en questions religieuses, mais aussi juridiques. Il est l'un des créateurs du premier code slave.
Lorsque les frères sont arrivés en Moravie, ils n'y ont pas trouvé un terrain entièrement païen. Ils ont du constater que le christianisme y existait, bien que dans sa forme primitive, et que les messes étaient célébrées d'après le rite occidental. Avant leur arrivée, différentes missions déployaient leurs activités dans des régions attenantes à la vallée du Danube. Or, l'arrivée de Cyrille et Méthode a marqué un tournant décisif. La tâche avec laquelle ils sont venus, celle de former un nombre suffisant de prêtres, ne pouvait être accomplie que par le remplacement de la difficile langue grecque et latine par la langue slave, dans laquelle les messes seraient célébrées. La création de l'alphabet cyrillique, proche et compréhensible des larges couches de la population, a ouvert la voie d'une christianisation massive de la Moravie. La Grande Moravie est devenue un pays chrétien.
Après la disparition de la Grande Moravie, la liturgie slave faiblit, pour être entièrement remplacée par la liturgie latine. Il n'en reste pas moins que la liturgie slave réapparaît encore, dans les siècles à venir, autrement dit, qu'elle n'a jamais vraiment disparu. Les héritiers de la liturgie de Cyrille et Méthode sont, entre autres, le monastère de Sazava, en Bohême centrale, le monastère d'Emmaüs de Prague, le monastère d'Ostrov, près de Prague, celui de Rajhrad et de Veliz. Il ne fait pas de doute que l'héritage slave ait inspiré le mouvement des utraquistes tchèques. La mission des frères de Salonique a été accomplie en trois ans, mais ils ne sont jamais retournés chez eux. Le pape les a convoqués à Rome où Cyrille meurt, deux mois plus tard, en 869. Méthode, sacré archevêque de la Moravie, y retourne et meurt ici, en 885. Pendant des siècles, on ignorait où se trouvait son tombeau. Seulement en 1999, les fouilles archéologiques ont démontré que le tombeau de Méthode pourrait se trouver dans la basilique à trois nefs de Mikulcice, ville morave, autrefois important centre de l'empire de la Grande Moravie. Des ossements y manques, mais des fragments authentiques s'y sont conservés.
La trace laissée par les apôtres byzantins dans notre pays, que ce soit leur influence sur les constructions des Eglises ou sur la religion catholique grecque elle-même, est profonde. A juste titre, le pape, Jean-Paul II, a proclamé, le 31 décembre 1980, Cyrille et Méthode patrons de l'Europe.