Jean de Luxembourg
Cette année, nous commémorons le 690e anniversaire du couronnement, au Château de Prague, de Jean de Luxembourg, qui fut le dixième roi tchèque. Jean de Luxembourg est entré dans l'histoire comme un grand ami des Français, car il a non seulement lutté, mais il est mort aussi pour les couleurs françaises dans la bataille de Crécy, livrée le 26 août 1345. Voici la vie et l'oeuvre de ce «roi étranger», qui a fait pour le Royaume tchèque beaucoup plus que ses prédécesseurs tchèques.
Jean de Luxembourg est né le 10 août 1296, au château d'Altmünster, au Luxembourg. Il fut élevé à la cour de son père. L'une de ses deux soeurs, Marie, s'est mariée avec le roi de France, Charles IV, à la cour duquel fut élevé le fils de Jean de Luxembourg, Venceslas IV; ce dernier adopta le prénom de son oncle et s'inscrivit dans l'histoire comme Charles IV.
Mais revenons en à Jean de Luxembourg qui, après s'être marié avec la dernière descendante de la famille des Premyslides, Eliska, accède au trône tchèque, en 1310. Tous deux sont couronnés au Château de Prague, le 7 février 1311. Les premières années du règne de Jean de Luxembourg sont marquées par une lutte difficile pour la consolidation du pouvoir royal. En effet, les seigneurs tchèques, qui avaient renforcé leur position politique et économique lors du règne des prédécesseurs de Jean de Luxembourg, n'ont pas voulu renoncer à leurs privilèges et ont fait tout pour empêcher le retour du système où le roi est tout puissant. Ainsi, le roi s'est brouillé, non seulement avec la noblesse, mais aussi avec certaines institutions religieuses et la bourgeoisie. En 1319, le patriciat de Prague a organisé même une révolte contre le roi, à laquelle s'est jointe aussi, avec ses fidèles, la femme de Jean de Luxembourg, Eliska. La révolte a été réprimée et la reine chassée de la cour.
provinciale, il était même appelé « le roi étranger », a fait pour l'essor du royaume tchèque beaucoup plus que ses prédécesseurs. Par lui, et notamment par son fils Charles IV, s'introduisent en Bohême les cultures française et italienne, tout en évitant dorénavant l'intermédiaire allemand. On doit à Jean de Luxembourg, aussi l'amélioration des relations avec la France, sa fidélité à ce pays s'étant inscrite dans l'histoire des bonnes relations amicales tchéco-françaises.
Le roi tchèque, Jean de Luxembourg, adorait toutes sortes de duels de chevaliers, de luttes et de combats et il n'a donc manqué aucune occasion d'y participer. Un proverbe circulait à l'époque en Europe: sans le roi tchèque, personne ne peut régler définitivement son affaire... et Jean satisfaisait toujours à ce devoir. Il en a été de même au début du conflit de cent ans entre les deux plus grandes monarchies féodales d'Europe occidentale, la France et l'Angleterre. En plein été de l'année 1346, le roi d'Angleterre, Edouard III, se dirige, avec son armée, vers Paris pour régler ses comptes avec le roi de France, Philippe VI. Se sentant menacé, ce dernier appelle au secours toutes les dynasties royales amies parmi lesquelles, bien évidemment, les Luxembourg. Jean de Luxembourg et son fils Charles IV n'hésitent pas et se mettent en route, sans tarder. Edouard a peur de la supériorité numérique de son adversaire et décide donc de se retirer. Malheureusement, Jean de Luxembourg et ses 500 hommes interviennent, déclenchant ainsi la première bataille de la Guerre de cent ans, la bataille de Crécy, livrée le 26 août 1346. Lorsque le roi avait appris que la bataille prenait une mauvaise tournure, il ordonna à ses compagnons de guerre de le conduire directement dans la mêlée sanglante. D'après le chroniqueur Jean Froissart, il aurait dit littéralement: »Seigneurs, vous êtes tous mes amis et frères en arme, c'est pourquoi je vous demande, car je suis aveugle, de me conduire dans le vacarme de la bataille de façon que l'ennemi soit à la portée de mon épée ». Les seigneurs tchèques demandaient au roi de sauver sa vie mais ce dernier refusa, prononçant les mots célèbres: »Dieu ne verra jamais un roi tchèque fuir le champ de bataille ». Le roi se battait courageusement, mais après avoir reçu plusieurs coups d'épée mortels, il tomba de son cheval parmi ses compagnons blessés ou morts. La nuit venue, les Anglais trouvèrent le roi tchèque parmi les cadavres de ses seigneurs. Il respirait encore. Le roi Edouard III d'Angleterre le fit emmener dans sa tente où Jean de Luxembourg est mort, quelques heures plus tard. « On fut témoin de la mort du fer de lance de la chevalerie », dit le roi vainqueur.