Jan Jesensky Jesenius
En ce début du mois de septembre, laissons nous emporter vers les profondeurs du passé lointain pour se pencher sur l'existence du célèbre médecin Jan Jesensky.
Jan Jesensky, Jesenius en latin, était l'ancêtre de la fameuse journaliste Milena Jesenska, amie intime de Franz Kafka. Issu d'une famille noble, Jesenius est né dans la première moitié du dix-septième siècle. Peu après la conquête de Buda par les turques, son père Baltasar s'était enfui à Breslau où Jesenius fit ses études qu'il continua à Wittenberg et à Padoue, ville dans laquelle il passa également son doctorat en médecine. Peu après le médecin revint à Breslau, devint maître de conférences à l'Université. En peu de temps il ne manqua pas d'être connu dans la ville entière et fut nommé médecin particulier du prince électeur de Saxe. Après quelques années, Jesenius fut convoqué à Prague pour enseigner à l'Université. Sur la recommandation de l'astronome Tycho de Brahé, Jesenius est recommandé en tant que médecin particulier à l'empereur Rodolphe II et continue de l'être auprès de l'emperreur Matthias après le détrônement et le décès de Rodolphe II.
Jan Jesenius était un homme respecté et très célèbre dans Prague de l'époque. Il était extrêmement intelligent, acharné au travail et vraiment passionné par son métier, la médecine. Ce fut en juin 1600 qu'il pratiqua la première autopsie en Europe centrale. Malgré que le savant ne parlait que l'allemand et le latin et n'avait aucune connaissance de la langue tchèque, il fut nommé recteur de l'Université de Prague, ce qui était loin d'être dans les habitudes. En l'honneur de Jesenius, l'Université de Prague a fait frapper la monnaie avec le buste et les armoiries du médecin. Jan Jesenius avait un esprit ouvert et des idées plutôt progressistes pour son époque. Il défendait la liberté des sciences et la liberté de conscience face à l'Eglise. Jan Jesenius a pris part à la défenestration de Prague en mai 1618. Plus tard, il s'opposa à l'idée de l'empereur Ferdinand II qui voulait placer l'Université de Prague sous sa tutelle. Jesenius a négocié à deux reprises avec la Hongrie pour prendre la décision sur la voie à suivre en commun dans la révolte contre l'empreur. Ainsi, il devint la bête noire du gouvernement au pouvoir. En raison de ses activités, Jan Jesenius a été emprisonné après la bataille de la Montagne Blanche avec d'autres insurgés. Malheureusement, il faisait partie des vingt-sept nobles tchèques éxécutés sur la place de la vieille ville de Prague, le 21 juin 1621. Encore de nos jours on peut voir les vingt sept croix commémoratives, placées sur le pavé du trottoir de la place de la Vieille ville, à côté de la mairie. Jan Jesenius a été éxecuté de façon particulièrement cruelle et peu élégante. Avant de le décapiter, on lui coupa la langue, puis ses membres, et chaque partie de son corps fut suspendue dans un quartier différent de la ville.
Jan Jesenius a écrit un grand nombre d'oeuvres portées surtout sur la médecine. Parmi les plus renommées citons surtout Anatomia Pragensis, description de l'anatomie en général. Les connaissances chirurgicales de Jesenius sont notées dans l'oeuvre scientifique intitulée Institutiones chirurgicae rédigée d'après l'exemple du chirurgien italien, Bartholomeo Montagnana. La troisième partie présente un intérêt particulier car Jesenius y décrit la suppression des tumeurs. La quatrième partie s'avère non moins intéressante. Le savant parle de produits pour la croissance de cheveux, de la chirurgie esthétique, surtout des opérations du nez, d'yeux et de dents artificielles. L'oeuvre se termine par une brève description de l'autopsie qui peut être considérée comme une sorte d'instruction. L'oeuvre de Jesensky est précieuse surtout parce que le médecin y présente ses propres cas pratiques ainsi que ses observations. L'oeuvre contient également les expériences de Jesenius avec les cas de peste, répandue à Prague au seizième siècle.
Jan Jesenius était un médecin connu et estimé qui a apporté énormément de connaissance à la science ainsi qu'à la vie politique tchèque et pourtant il est devenu victime de le fureur politique d'un gouvernement comme d'ailleurs beaucoup d'autre personnalité au fil de l'histoire.