Le Mur du Diable au Théâtre national
Le Théâtre national de Prague a présenté une nouvelle mise en scène de l'opéra Le mur du diable de Bedrich Smetana. Une information de Vaclav Richter.
Après l'échec cuisant de Dalibor, opéra de Smetana mis en scène au Théâtre national par Jan Antonin Pitinsky, la direction du théâtre a décidé de confier Le Mur du Diable à un metteur en scène étranger. Le Britannique David Poutney n'est cependant pas étranger au répertoire tchèque. Ce metteur en scène a signé déjà plusieurs productions d'opéras de Janacek et de Martinu auxquelles il a su donner un aspect moderne tout en respectant les particularités de ces oeuvres. Le Mur du Diable est le dernier opéra de Smetana et aussi son opéra le plus problématique. Terminé en 1882, il est le fruit des dernières forces créatrices d'un compositeur sourd et malade. Il est inspiré d'une vielle légende qui raconte qu'un mur a été élevé jadis par le diable sur le haut cours de la rivière Vltava. L'intention du diable était de noyer le seigneur Vok de Rozmberk dans un monastère qu'il avait fondé et dont il désirait devenir l'abbé. Mais, sous les puissantes paroles de l'ermite Benes, le mur s'est écroulé ne laissant que des rochers sauvages sur les rives de la Vltava. Le livret de Eliska Krasnohorska, qui devait être d'abord celui d'un opéra comique, a été remanié maintes fois au cours du travail. Cela a fini par effacer pratiquement l'aspect comique et rendu l'action de l'opéra assez confuse. L'oeuvre ne manque pourtant pas de beautés musicales et de moments d'une grande intensité dramatique. David Poutney a relevé le défi. Il a accepté Le mur du Diable avec ses beautés et ses imperfections et a procédé à son interprétation philosophique et psychologique. Il a conçu l'intrigue comme le conflit éternel entre le bien et le mal. Pour échapper à la simplification, il a évité de diviser les personnages en bons et mauvais en montrant que même le seigneur Vok, héros de l'opéra, n'est pas insensible à la tentation du diable. Le style de la mise en scène, mais aussi les décors et le travail de l'orchestre du Théâtre national, placé sous la direction de Jiri Belohlavek, ont été hautement appréciés par la critique. En revanche, les chanteurs n'ont suscité que des réactions mitigées. A en croire les critiques les plus sévères, seul Ivan Kusnjer, dans le rôle de Vok, a réussi par sa voix et sa présence scénique à créer un personnage convaincant et capable de partager son conflit intérieur avec le public.