L'emploi : Les Tchèques à l'étranger, les étrangers en Tchéquie
Une fois de plus, les statistiques concernant l'emploi nous ont surpris: alors que, parmi les Tchèques voulant travailler à l'Occident, des spécialistes seulement ont des chances de réussir, la République tchèque accueille à bras ouverts la main-d'oeuvre étrangère non qualifiée... Magdalena Segertova.
Le début des années 90 était une époque fabuleuse pour les infirmières tchèques. Les hôpitaux autrichiens, n'ayant pas assez de personnel sanitaire qualifié, étaient prêts à embaucher chaque infirmière tchèque qui s'était présentée à leurs portes, même si elle ne savait pas parler allemand. Pour les dames et demoiselles tchèques, les cliniques autrichiennes étaient de véritables mines d'or... Au début de leur carrière, elle commençaient, en République tchèque, à 3300 couronnes au maximum, tandis que nos voisins leur payaient dix fois plus. Or, en quelques années, les écoles pour infirmières, créées auprès des hôpitaux, ont poussé comme des champignons en Autriche.
Le pays a donc, actuellement, une abondance de ses propres infirmières diplômées. Qui est-ce qui a donc actuellement, parmi les Tchèques, le feu vert à l'Ouest ? Premièrement, des spécialistes de haut niveau. Cette semaine, par exemple, des cartes vertes seront délivrées à une première vague d'informaticiens tchèques qui se rendent, à l'invitation du chancelier Schröder, en Allemagne. Des artisans par excellence et des sportifs, footballeurs en particulier, représentent, eux aussi, la "marchandise humaine" la plus exportée en Allemagne. Des ouvriers du bâtiment, infirmières, cuisiniers, serveurs et filles au-pair le sont déjà beaucoup moins...
Les employeurs tchèques, eux, se contentent très souvent des ouvriers non qualifiés, venant en majorité de l'Ukraine. Actuellement, ils sont environ 16 000 à faire, avec complaisance, des corvées peu populaires parmi les ouvriers tchèques, mais surtout à demander un dixième seulement de leur salaire moyen. Et il va de même pour les couseuses de l'ex-URSS et d'Asie. Ne se retrouvent-ils, par hasard, dans la même situation que les Tchèques empressés en Allemagne, en Autriche et ailleurs ?