Le Festival du Film de Karlovy Vary : succès du cinéma français
Ça y est, le Festival International du Film de Karlovy Vary s'est terminé, les Globes en cristal ont été distribués... En parlant des résultats, il faut dire, tout d'abord, que la 36e édition du festival a été une grande fête du cinéma français : commençons par le Grand prix, attribué au film de Jean-Pierre Jeunet, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Pas de surprise, car cette comédie chaleureuse a été, dès sa première projection à Karlovy Vary, favori numéro 1 du public. Jean-Pierre Jeunet n'aime pas aller dans des festivals et Audrey Tatou qui incarne Amélie tourne, en ce moment, un autre film. Le Globe en cristal a été donc remis à M. Philippe Coste, ambassadeur de France en République tchèque.
Ce dernier a remercié le jury, en un tchèque parfait d'ailleurs, pour ce très joli cadeau, offert au cinéma français, par coïncidence, le 14 juillet. Un autre film français, appelé Vies et signé Alain Cavalier, a gagné dans la catégorie de documentaires de moins de 30 minutes. Ce n'est pas encore tout : l'actrice française et membre du jury, Marie-José Nat, a reçu le prix de la région de Karlovy Vary pour ses mérites dans le domaine du cinéma européen. Les prix de la meilleure interprétation, féminine et masculine, ont été attribués aux acteurs suédois, Viveka Seldahl et Sven Wollter, rôles principales dans le film scandinave La chanson pour Martin. Cette histoire émouvante d'un couple de musiciens renommés, où l'un des partenaires est atteint par la maladie d'Alzheimer, a beaucoup plu, elle aussi, aux spectateurs. Lors de la soirée de clôture, plusieurs vedettes étrangères sont montées sur le podium pour distribuer des prix : Oleg Menshikov, grande star du cinéma et du théâtre russe, l'Australienne Miranda Otto, l'acteur britannique Julian Sands, ou encore la jeune américaine Thora Birch. Et, bien sûr, le charismatique Ben Kingsley, lauréat d'un prix spécial à Karlovy Vary.
Quelques heures seulement avant la clôture du festival, j'ai pu interroger le président du jury, Krzysztof Zanussi, réalisateur polonais connu et reconnu dans le monde entier. Evidemment, il n'a pas pu me dire les noms des gagnants, mais seulement ses impressions du festival...
"Je pense que le niveau de la sélection a été tout à fait acceptable. Cela n'était pas 'passionnant', mais le cinéma d'aujourd'hui, en tant que tel, n'est pas passionnant non plus... J'ai vu certains films qui ont été médiocres, mais c'est normal. En général, c'était un bon festival, je n'ai pas l'impression d'avoir gaspillé mon temps".
Krzysztof Zanussi s'est souvenu aussi de sa présence à Karlovy Vary en 1970, dans l'atmosphère étouffante du socialisme...
"Avec Marie-José Nat, qui était aussi membre du jury, nous avons vécu des moments difficiles. On n'a pas voulu signer le verdict tout à fait injuste du jury. Pour moi, c'était assez difficile, parce que je venais d'un pays communiste. Mais avec Marie-José Nat qui était très courageuse, on est arrivé à s'opposer. Les soviétiques ont voulu imposer un mauvais film russe, mais, finalement, on a donné le Grand prix à un film anglais qui l'a vraiment mérité. C'était une preuve qu'à l'époque, les artistes n'étaient quand même pas tout à fait conformistes".
Qu'ajouter encore ? Que le prochain rendez-vous des cinéastes et des cinéphiles à Karlovy Vary aura lieu à partir du 4 juillet 2002.