Des plaintes d'hommes politiques tchèques versus la presse
Le jugement rendu, mercredi, par le tribunal de Prague dans le procès fait par le ministre Karel Brezina contre l'hebdomadaire Reflex est le premier dans l'histoire de la Tchéquie à juger la presse écrite pour ses bandes dessinées satiriques. Jarka Gissubelova fait le point.
Le benjamin du cabinet tchèque, Karel Brezina, ministre sans portefeuille, a gagné le procès contre l'hebdomadaire Reflex. Son éditeur, la société Ringier République tchèque, doit présenter des excuses au ministre pour quatre dessins, qui ont figuré dans la bande dessinée du magazine, Raoul vert. Le ministre y est dessiné nu, en situations intimes. Après son récent mariage avec Barbora Nesvadbova, rédactrice en chef de Playboy, des histoires d'amour du ministre alimentaient la chronique. Le ministre n'a jamais caché ses performances sexuelles, au contraire, il se plaisait à confier à la presse tous les détails. La page de comics, Raoul vert, y a réagit de manière qui lui est propre. Le ministre a porté plainte. Devant le tribunal, il a déclaré que les bandes dessinées l'ont outragé dans sa dignité et dans son honneur et discrédité sa réputation. Le tribunal lui a donné raison. Selon la juge, la bande dessinée est une oeuvre analogue à une photographie ou autre forme d'information. Il est inadmissible d'y présenter un politicien en situations n'ayant rien à avoir avec l'exercice de ses fonctions. Le ministre Brezina a quitté le tribunal visiblement satisfait. Le verdict a satisfait aussi l'auteur des dessins, Stepan Mares. Le verdict n'est pas, d'après lui, une perte pour l'hebdomadaire, mais pour le ministre lui-même. A en juger d'après les premières réactions de politiciens tchèques, beaucoup sont du côté de l'hebdomadaire. Ivan Langer, chef de la commission des Médias, considère comme malheureux que Karel Brezina réclame par la voie juridique que l'image satirique de sa personne corresponde à la réalité: Selon Langer le comportement de Brezina dans des médias à sensation se prêtait à des dessins pareils et il pouvait s'y attendre.