Des oeuvres d'art étroitement surveillées
Aucune oeuvre d'art appartenant à l'Etat ne doit quitter désormais le territoire de la République tchèque. Telle est la décision du ministre de la Culture, Pavel Dostal. Explication de Vaclav Richter.
Par cette mesure le ministre cherche à prévenir une éventuelle confiscation d'oeuvres d'art tchèques à l'étranger, éventualité jugée assez probable par les experts. Pour expliquer les raisons de cette situation il faut revenir un peu en arrière. En septembre, l'Etat tchèque a été condamné par un arbitrage international à Stockholm à payer un million de dollars à la société américaine CME de Ronald Lauder. Cette dernière avait perdu, il y a quelques années, ses investissements dans la télévision privée tchèque Nova et les avocats de Ronald Lauder ont accusé l'Etat tchèque de ne pas avoir protégé les investissements en question. L'Etat tchèque a refusé de payer et s'est pourvu en appel. Néanmoins, la validité du verdict de la cour d'arbitrage n'en est pas touchée et, théoriquement parlant, les avocats de la CME pourraient demander désormais la confiscation des biens tchèques à l'étranger. Et ce n'est pas tout, ils envisagent de demander, lors de la seconde étape d'arbitrage, un dédommagement de 500 millions de dollars. L'affaire est donc sérieuse et les biens tchèques, dont les oeuvres d'art qu'on envoie à de diverses expositions, sont vraiment en danger. La décision du ministre Dostal a pourtant suscité de nombreuses critiques car elle risque de bloquer les préparatifs pour plusieurs manifestations culturelles importantes. Lundi, par exemple, commencera la réunion de la commission tchéco-française chargée de préparer la Saison tchèque, festival dans le cadre duquel un nombre impressionnant de manifestations culturelles sera organisé, à partir de juin prochain, dans une trentaine de villes françaises. La décision du ministre pourrait être fatale à toutes les expositions organisées dans le cadre de la Saison tchèque mais aussi à d'autres présentations de l'art tchèque hors des frontières du pays. Elle peut entraver sérieusement aussi le travail des Centres tchèques qui existent dans de nombreuses capitales et ont pour l'objectif de présenter la culture et la civilisation tchèques à l'étranger.