L'ex-premier ministre tchécoslovaque Marian Calfa cité en justice
Comme nous l'avons déjà signalé, le procès de cinq anciens hauts fonctionnaires communistes inculpés d'abus de pouvoir a été ouvert, lundi dernier, devant le tribunal de Prague 6. L'ex-chef du premier gouvernement d'après novembre 89, Marian Calfa, a été appelé à témoigner dans ce procès. Par Jarka Gissubelova
On peut dire que c'est le premier grand procès de hauts dirigeants communistes. Ils sont inculpés d'avoir lancé une campagne de répression dite Assainissement. Comme son nom l'indique, les personnes incommodes au régime étaient forcées par la police communiste à l'émigration. La déposition de Marian Calfa n'a apporté rien de nouveau dans ce procès. A la période où la campagne culminait, en 1985, Calfa travaillait au bureau du gouvernement socialiste. D'après lui, il n'avait pas la moindre idée de ce qui se passait. Ce n'est que maintenant qu'il l'aurait appris dans les médias. "Le gouvernement ne s'occupait pas des usages intérieurs des différents ministères", a déclaré littéralement Marian Calfa devant le tribunal.
Qui est Marian Calfa ? Que fait-il depuis qu'il a quitté la grande politique ? Natif de Slovaquie orientale, juriste de formation, il s'est inscrit dans l'histoire surtout par la façon dont il a réussi le passage continu d'un poste d'élite communiste au poste de premier chef du gouvernement non-communiste d'après novembre 89. Sa carrière politique, il l'a commencée en 1972, au département législatif du bureau du gouvernement. Cinq ans plus tard, il est devenu chef du département : Droit économique. En avril 1988, il a occupé le poste de ministre sans portefeuille. Huit jours après l'intervention brutale de la police contre les manifestants, le 17 novembre 1989, à la rue Narodni, le gouvernement communiste a envoyé Calfa à la table des négociations avec les représentants de l'opposition, dirigés par Vaclav Havel. La confiance dont Marian Calfa jouissait auprès de ce dernier a joué son rôle. Si, en juin 89, Calfa parle de la nécessité de se protéger contre l'influence du monde capitaliste, en décembre de la même année, il préside le premier cabinet d'après novembre. En 1992, Marian Calfa quitte la politique et se "retire" dans des conseils d'administration de diverses sociétés. Sa pratique d'avocat démarre avec beaucoup de succès. En 1998, il tente de s'affilier à la social-démocratie. Sans succès. Aujourd'hui, Marian Calfa, 56 ans, est un avocat cher et de prestige. Son nom figure sur l'échelle des Tchèques les plus riches.