Le boom des cartes bancaires en Tchéquie
Alors que dans la zone euro, on se prépare fiévreusement à l'arrivée de la monnaie unique, les Tchèques, eux, observent tout de loin et font tranquillement leurs achats de Noël. Mais comment, en fait, paie-t-on en République tchèque ? En liquide, comme on était habitué sous l'ancien régime, ou par carte ? Magdalena Segertova a cherché la réponse.
S'il y a un domaine, qui a vécu, depuis la chute du communisme en République tchèque, un véritable boom, un essor incroyable, c'est, justement, celui des services bancaires. Avant la Révolution de velours, en 1989, les Tchèques n'avaient pas le choix : ils devaient se contenter des services d'une seule banque, Ceska sporitelna, qui a, d'ailleurs, survécu à l'arrivée de la démocratie. Celle-ci proposait à ses clients un seul type de compte : il permettait à la fois de payer par prélèvement du loyer, les charges et autres frais et de faire des économies. Aujourd'hui, les Tchèques peuvent choisir entre une quarantaine d'institutions financières. Couramment, ils consultent et gèrent leurs comptes sur Internet ou par téléphone. Les premières cartes bancaires tchèques ont été délivrées, il y a dix ans. A présent, 4 millions de Tchèques, presque la moitié de la population du pays, en disposent. Selon les chiffres récents, de plus en plus de gens paient par cartes même leurs petits achats quotidiens. Mais, en même temps, beaucoup de Tchèques s'en servent seulement pour tirer de l'argent aux guichets. Payer en liquide est, pour eux, une habitude, un stéréotype, une tradition. Ou, peut-être, ils croient dépenser un peu moins, qu'en sortant automatiquement la petite carte magique du portefeuille. N'oublions pas non plus que certains magasins, surtout à la campagne, ne sont même pas équipés pour le paiement par carte. Est-ce l'argent qui manque ou, plutôt, la volonté, l'effort de faire évoluer les stéréotypes ? D'après les financiers, la vérité est beaucoup plus simple : contrairement au paiement par carte, celui en liquide n'est pas enregistré, et permet aux petits et moyens entrepreneurs de ne pas justifier tous leurs revenus. Un jour, ils seront bien obligés de le faire. S'ils veulent que leur pays fasse vraiment partie du monde développé.