Alliance entre la social-démocratie et les communistes ?
Les élections régionales et les sénatoriales partielles ont battu les cartes sur la scène politique tchèque. Les forces se mobilisent à droite comme à gauche. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
L'échec des sociaux-démocrates, lors des élections régionales et sénatoriales de dimanche dernier, semble avoir rapproché le parti gouvernemental du parti communiste. Dans la nuit de mardi à mercredi, le Premier ministre, leader de la social-démocratie, Milos Zeman, s'est longuement entretenu avec le chef des communistes, Miroslav Grebenicek, qu'il avait invité dans sa villa gouvernementale. Une première rencontre depuis le congrès du parti social-démocrate, en 1995, qui interdisait toute coopération avec les communistes au plus haut niveau. Grebenicek déclarait, pourtant, après sa rencontre avec le Premier ministre, qu'ils s'étaient mis d'accord sur le soutien commun des candidats des deux partis, lors du second tour des sénatoriales. Accord aussi sur la création de coalitions dans les conseils régionaux où les sociaux-démocrates avec les communistes pourraient avoir la majorité. Cette déclaration du leader des communistes a déclenché un tollé chez certains sociaux-démocrates. L'ancienne vice-présidente du parti, Petra Buzkova, n'a pas hésité à demander la démission de Milos Zeman, qualifiant sa rencontre avec le chef des communistes de faute scandaleuse. Le vice-président du parti, Stanislav Gross, a été plus modéré, tout comme le chef des députés sociaux-démocrates, Zdenek Skromach, mais cette rencontre ne leur plaît nullement. Selon ce dernier, elle n'aurait pas dû avoir lieu. Le président de la social-démocratie est imperturbable en déclarant : « Je veux constater clairement qu'aucun accord n'a été conclu ». Le quotidien national Lidove noviny consacre une place importante à cette alliance éventuelle entre la social-démocratie et les communistes. Dans son article, il indique ce qui lie et ce qui sépare les deux partis politiques. Ce qui les lie serait la coopération des deux partis au niveau municipal, le soutien des communistes à la majorité des projets de lois gouvernementaux, des idées semblables dans le social et la santé, un grand nombre de personnalités sociales-démocrates ont un passé communiste. Selon Lidove noviny, les deux partis seraient divisés par la résolution du congrès du parti social-démocrate, en 1995, interdisant toute coopération au plus haut niveau, par le fait que le parti communiste actuel ne s'est pas distancé de l'ancien régime totalitaire et n'a même pas changé son nom, par le refus de personnalités sociales-démocrates, comme Buzkova ou Gross, de collaborer d'une manière ou d'une autre avec les communistes. Il semble, constatent les observateurs, que la collaboration ne puisse exister au plus haut niveau, mais dans les municipalités ou les régions, elle est plus que probable. Une réalité qui ne plaît aucunement à la droite, au principal parti de l'opposition de Vaclav Klaus, l'ODS, qui est lié par un accord aux sociaux-démocrates leur permettant de gouverner en minorité. Klaus est même descendu dans les rues de Prague pour soutenir les candidats de son parti au deuxième tour des sénatoriales, dimanche.