Condamnation d'un criminel de guerre
Anton Malloth, un S.S. qui était gardien dans la prison de la Gestapo, à Terezin, en Bohême, vient d'être condamné à terminer ses jours en prison. Les réactions à ce verdict par Alain Slivinsky.
venir pour s'amuser ». Elle regrette, aussi, que Malloth ne finira pas sa vie comme un prisonnier, mais comme un malade bien soigné. Un autre ancien prisonnier de Terezin, Miloslav Moulis, historien de son état, n'est pas tout à fait satisfait non plus. « C'est une satisfaction qu'il soit passé en justice. Mais nous, les anciens prisonniers, nous sommes scandalisés par le fait qu'il ait pu vivre pendant un demi-siècle tranquillement, sans être importuné. Dans ce sens, il n'a pas été puni ». Jan Munk, directeur du monument de Terezin, qui a rencontré Malloth, lors du procès, déclare que c'était le seul verdict possible. Il est, pourtant, conscient du fait que la prison à perpétuité ne pourrait durer que quelques mois seulement. La scène politique tchèque a réagi positivement à la condamnation d'Anton Malloth. Le vice-président de la social-démocratie, Zdenek Skromach, déclare dans le quotidien Pravo : « C'est une preuve que les moulins de Dieu tournent, certes, doucement, mais sûrement. La justice a été appliquée, bien que tardivement ». Dans sa grande majorité, l'opinion publique tchèque est satisfaite : les crimes doivent être punis sans égard au temps qui s'est écoulé depuis leur accomplissement et sans égard, non plus, à l'âge des criminels.
Pour ceux qui se souviennent de la brutalité du S.S. Anton Malloth, surnommé « le beau Tony » à la prison de Terezin, sa condamnation à perpétuité est une satisfaction plutôt symbolique. En effet, cette condamnation est advenue à la fin de la vie de ce criminel de guerre. Vera Zahourkova, âgée de 76 ans, aujourd'hui, a été emprisonnée à Terezin. Elle a connu la brutalité de Malloth, mais n'a pu déposer au tribunal de Munich pour des raisons de santé. Selon elle, cette condamnation a été prononcée trop tard. Elle rappelle que Malloth avait déjà été condamné à mort, par contumace, en 1948, à Litomerice, en Bohême. Aujourd'hui encore, elle déclare : « Je lui souhaiterais de passer au moins une semaine dans la cellule des juifs où il aimait