Économie/Commerce
Dans cette émission Economie/Commerce, nous parlerons essentiellement d'un double problème extrêmement sensible et qui n'en fait qu'un : l'endettement de la République tchèque et les créances de la République tchèque, recouvrables ou non à l'étranger.
Selon des données du ministère des Finances, l'endettement de l'Etat tchèque atteindra cette année 413 milliards de couronnes (59 milliards de dollars) et sera le plus important dans l'histoire. Si la République tchèque voulait payer d'un seul coup toutes ses dettes et tous ses engagements, elle devrait encaisser en liquide, auprès de chaque citoyen, 41.000 couronnes (presque 8000FF). Quant au déficit réel des finances publiques, il atteindra 190 milliards de couronnes (5 milliards de dollars)cette année. Ces chiffres sont publiés par le Ministère des Finances sur l'évolution de l'économie tchèque.
Une grosse dette de l'Etat n'est guère profitable pour l'économie, rappelle l'analyste Petr Zahradnik de Conseq Finance ; il y voit un point négatif pour l'Etat et les firmes quand ils sollicitent des crédits avec un taux d'intérêt intéressant sur la place internationale. Cela est d'autant plus important que selon le mensuel Ekonom, nos entreprises et nos banques sont lourdement endettées vis-à-vis de l'étranger. Important mais pas grave. Important mais délicat car c'est souvent que l'Etat se porte caution. La dette de l'ensemble des entreprises tchèques à la fin de l'année dernière s'élevait à 450 milliards de couronnes (12 milliards de dollars). Et celle du secteur bancaire à 315 milliards (8,5 milliards de dollars).
Un autre problème, le déficit des finances publiques. Il est de 190 milliards de couronnes (5,1 milliards de dollars), ce qui représente 9,4% du PNB. Or, selon les critères de Maastricht, le déficit autorisé ne doit pas dépasser 3% du PNB. Pareil déficit pourrait-il être un obstacle à l'admission à l'Union européenne ? Le vice-ministre des Finances nous répond que certainement. Cependant, l'Etat compte, pour sauvegarder l'admission, rembourser le déficit à partir des revenus de la privatisation: des entrées représentant environ 140 milliards de couronnes. Au lieu d'être investis dans le développement de l'économie, ces revenus compenseront les dettes de l'Etat. En plus, il a fallu, d'après le vice-ministre des Finances, Jan Mladek, payer les frais de la transformation économique, notamment le renflouement des banques coulées par les mauvais crédits. Tout cela constitue les raisons de l'accroissement de l'endettement de l'Etat.
C'est la raison pour laquelle le gouvernement se trouve contraint de vendre cette année Telecom, Ceske radiokomunikace, et les licences de télécommunication UMTS. Le déficit des finances publiques serait ainsi ramené, selon le Ministère des Finances, à 55,7 milliards de couronnes, ce qui représenterait 2,8% du PNB.
Venons-en maintenant aux créances de l'Etat tchèque à l'étranger. Selon la livraison du quotidien Pravo du 8 février 2001, les créances de l'Etat tchèque à l'étranger ont atteint 215 milliards de couronnes, soit l'équivalent de 40 millairds de FF : 5, 7 milliards de dollars. L'endettement le plus important vis-à-vis de Prague est celui de Moscou : 13,8 milliards de couronnes. Viennent ensuite les pays arabes avec 63,7 milliards de couronnes (1,7 milliards de dollars). C'est ce qu'a indiqué le porte-parole du Ministère des Finances, Libor Vacek, en précisant que la majeure partie de ces dettes date de l'époque communiste. Parmi les pays arabes, les plus grands débiteurs de la République tchèque sont la Syrie, l'Irak, la Libye, l'Algérie, le Soudan. S'ajoutent d'autres pays : Cuba, le Nicaragua, la Birmanie et la Yougoslavie.
Mais ce n'est pas du pain béni, tout cela, loin s'en faut. Pas seulement à cause de la contestation de la dette mais aussi des réticences, voire l'incapacité des pays débiteurs à honorer leurs engagements. La Russie et Cuba, par exemple, pourraient mettre en doute une partie de la dette du fait que le calcul initial ne serait pas juste en raison du taux de change des roubles transférables en dollars. Une question discutable et compliquée, entendu que souvent l'URSS imposait dans les échanges la parité du dollar avec le rouble, ce qui était loin d'être la réalité du marché international.
Le problème de la reconnaissance de la totalité de la dette existe même dans d'autres pays. Par exemple, l'Algérie ne reconnaissait pas, jusqu'à il n'y a pas longtemps, une partie de la dette en soulignant que les accords initiaux de coopération n'ont pas été respectés. D'autres Etats plaident le changement de conditions.
Et puisqu'il nous reste encore un peu de temps, ajoutons cette information. L'Union européenne va octroyer à la République tchèque la somme de 3,7 milliards de couronnes pour des investissements dans le domaine des transports et de l'environnement. Le vice-ministre des Finances, Jan Mladek, et l'Ambassadeur de l'Union européenne, Ramiro Cibrian, ont signé dans ce sens un protocole ce 7 février. Cette injection financière intervient dans le cadre du programme ISPA.
Les deux tiers de l'aide financière, donc 2,6 milliards de couronnes, seront débloqués pour différents projets immédiatement. Le reste sera libéré par l'Union européenne sur approbation des projets proposés, a indiqué l'Ambassadeur Ramiro Cibrian en précisant que les investissements ISPA ne sont pas remboursables. Deux projets ont un caractère écologique et doivent améliorer le système de nettoyage des eaux usées a Ostrava et a Brno. Le projet destiné a Ostrava porte sur la construction de collecteurs dans certaines parties de la ville et l'élargissement du systeme intégré de distribution d'eau dans le centre historique. Le projet de Brno concerne principalement la rénovation et la finalisation du système des canalisations.