La Bosnie-Herzégovine vue par Alfons Mucha
On vient d'inaugurer, à la Maison municipale de Prague, une exposition présentant des oeuvres moins connues du peintre tchèque, Alfons Mucha. Vaclav Richter a été parmi les premiers visiteurs...
pour Sarah Bernhardt. Dans la seconde partie de l'exposition, on peut voir Le Pater, recueil d'estampes par lesquelles Mucha a illustré la prière connue de tous les chrétiens. Mucha l'a publié dans une édition pour les bibliophiles à un tirage de 510 exemplaires. Cette oeuvre devait marquer un tournant dans sa carrière et donner à sa création un caractère plus profond. Le Pater est, probablement, l'oeuvre la plus mystique de Mucha. Elle regorge de personnages allégoriques et de symboles secrets dont ceux de la franc-maçonnerie, mais ne manque pas non plus d'une grande valeur esthétique. L'exposition retrace la maturation de l'oeuvre qui ne prenait son aspect définitif que grâce à de nombreux dessins et esquisses. En somme, l'exposition de la Maison municipale montre un Alfons Mucha moins connu, peut-être, mais en pleine possession de ses moyens, un peintre qui a imposé son style décoratif à toute une époque sans perdre l'ambition d'exprimer les valeurs de la spiritualité humaine.
L'Exposition universelle de Paris en 1900, a présenté au public, entre autres, le pavillon de Bosnie-Herzégovine. On désirait faire connaître à Paris ce territoire balkanique sous la tutelle de l'Autriche-Hongrie et on a confié l'aspect pictural du pavillon au peintre tchèque, Alfons Mucha. Ce dernier a pris la commande au sérieux, s'est rendu plusieurs fois dans les Balkans et a fait de nombreuses esquisses. Le résultat de ces travaux, plusieurs énormes panneaux de toile qui ornaient, en 1900, le pavillon de Bosnie-Herzégovine, sont réunis aujourd'hui à la Maison municipale de Prague. La Bosnie dans les temps préhistoriques, l'arrivée des Slaves, la coexistence des religions catholique, orthodoxe et musulmane dans le pays, les légendes bosniaques, l'allégorie de la Bosnie - tels sont les sujets principaux de ces peintures qui annoncent, déjà, le cycle monumental de l'Epopée slave que Mucha créera, au cours du premier tiers du 20ème siècle. On remarque, cependant aussi, les différences de taille. On dirait que les panneaux pour la Bosnie-Herzégovine reproduisent, en beaucoup plus grand, le style des oeuvres graphiques de Mucha. On y retrouve les contours très marqués, la finesse et la discrétion des coloris et l'élégance de la ligne si typique pour l'Art nouveau, tout court on y retrouve le Mucha des affiches