Plongée dans le sein des Tchèques.
Si les touristes du monde entier affluent tout au long de l'année à Prague, ses autochtones s'efforcent, eux, en revanche, de déguerpir de la ville aux cent tours à la moindre occasion. C'est que beaucoup de citadins tchèques, et les Pragois notamment, possèdent une maisonnette de campagne, un chalet dans lesquels ils aiment à se rendre pour se ressourcer. Guillaume Narguet vous entrouve les portes d'un p'tit coin de paradis et vous emmène à la découverte du jardin secret des Tchèques...
La langue tchèque, parce que slave, ne pouvait sans doute être que mystérieuse et capricieuse. Elle porte en elle quelques "menues" particularités qui la rendent, certes, parfois, terriblement irritante, voire insupportable, mais qui, telle une femme, font aussi tout son charme, son unicité et lui donnent ce côté si irrésistible. Un mot, un seul, semble suffire pour caractériser les Tchèques et, par-là même, comprendre leur passion pour les maisons de campagne et les chalets. Un mot que la langue française ne possède pas, "Pohoda", qui englobe des notions comme la sérénité, le bien-être ou la quiétude. Un terme que les Tchèques n'ont de cesse d'utiliser, qui aide, en partie, à mieux saisir leur passivité historique, mais qui définit également fidèlement ce que les citadins recherchent, l'espace d'un week-end ou pendant les vacances, lors de leur exode à la campagne.
Et tous les prétextes sont bons pour s'y rendre. De la cueillette des champignons en septembre, sport national en Tchéquie, en passant par la culture du potager, les promenades en famille ou entre amis, à pied, en vélo ou en ski, ou encore la réalisation de travaux de réfections dans la maison, le Tchèque étant de nature très bricoleuse. Le soir venu, ce peuple de musiciens aime à se retrouver autour d'un bon feu de bois avec, invariablement, bière et saucisses toujours à portée de main. Au son des guitares et de l'harmonica, sont alors repris en choeur, dans la joie et la bonne humeur, de vieux refrains populaires.
Selon le dernier recensement, les Tchèques posséderaient quelques 400 000 maisons de campagne ou chalets. Seuls les Suédois, en Europe, viendraient les concurrencer sur ce terrain. Outre l'amour porté à la nature et à cette notion de "pohoda", un phénomène qui s'explique par le fait que les citadins, et les Pragois tout particulièrement, cherchent à fuir le bruit, la pollution et le stress de la capitale. Un besoin tellement indispensable qu'on se demande parfois si ce n'est pas la raison pour laquelle la République tchèque est l'un des rares pays au monde à organiser ses élections un vendredi. C'est tout dire...