Mikolas Ales
Les personnages à statures fortes, en costumes originels slaves, surgissent des tableaux et dessins du peintre Mikolas Ales, tel un symbole éternel du passé légendaire. Ses oeuvres sont un reflet fidèle de l'histoire glorieuse et des traditions du peuple tchèque.
En novembre 1852, dans une chaumière, une femme simple donne le jour à Mikolas Ales, l'un des peintres les plus célèbres en Bohême. Le père du peintre était un homme très cultivé, mais n'a pas eu les moyens de poursuivre les études à la faculté des lettres et exerçait le métier de clerc. Tout petit, Mikolas étonnait déjà son entourage par les dessins dépassant largement les capacités d'un enfant de quatre ans. Les deux frères aînés du futur peintre dessinaient également très bien, mais le destin ne leur a pas réservé une longue vie. M. Ales est âgé de treize ans alors que son frère Frantisek meurt de la tuberculose pulmonaire. Deux ans plus tard, le second frère Jan se suicide, en se tirant une balle dans la tête. En cette même année, M. Ales se fait exclure du lycée de Pisek, ville en Bohême du sud pour un conflit avec le professeur de botanique. Le jeune homme trouvait immonde le dessin d'un buis, effectué par le pédagogue
au tableau noir. Impulsif de nature, Mikolas s'est précipité au tableau et a dessiné la plante avec perfection. Après l'incident le rebelle passe au lycée technique. En 1869, le père de M. Ales consent à envoyer son fils étudier la peinture à l'Académie, à Prague. Le jeune artiste y trouve des professeurs renommés qui découvrent immédiatement son talent et le soutiennent. Rapidement, le jeune peintre se lie d'amitié avec les futurs grands écrivains et peintres comme Jakub Schikaneder, Felix Jenewein, Max Pirner, Frantisek Zenisek Antonin Chittussi...La vie de bohème menée par le jeune peintre gobe l'argent envoyé par son père. Il gagne sa vie en écrivant et dessinant pour différentes revues comme le Bahut ou les Feuilles humoristiques. Il vient de moins en moins visiter le village natal car il ne s'entend absolument pas avec sa belle-mère que son père a épousée après le décès de la mère du jeune artiste. Lorsque M. Ales perd son père, il se sent très seul. Il se voue entièrement à l'art pour oublier l'immense douleur qui l'envahit.A l'occasion de l'exposition printanière au palais de Zofin, le peintre présente le carton Gloire de la Tchéquie. Le succès est énorme ! M. Ales a vingt-trois ans. Le jeune homme doit interrompre les études à l'Académie pour faire son service militaire. Une année décontractante dont le peintre gardera un souvenir inoubliable tout le long de sa vie. Les problèmes surviennent au retour à l'Académie. Au cours d'une conférence, le professeur Woltmann affirme que l'ensemble des arts plastiques en Bohême est d'origine allemande ou, du moins, en dérive. L'orateur est sifflé de la salle et jeté dans la rue par les académiciens tchèques. Les plus fervents M. Ales et A. Chittussi. Cette réaction apportera au jeune peintre cinq jours de prison et l'exclusion de l'Académie. M. Ales a tout de même un peu de chance dans son malheur. Il rencontre un mécène juif qui le loge et soutien le jeune peintre sur tous les plans. A cette époque, le jeune peintre peint une quarantaine d'huiles. M. Ales était un grand romantique et patriote. Il puisait l'inspiration des sujets de ses toiles dans l'histoire de la Bohême. Il était particulièrement fasciné par le mouvement hussite et par l'histoire des slaves.
En cette période, le peintre se présente au concours sur la décoration du Théâtre national, récemment construit. Il se lie avec son collègue de l'Académie, Frantisek Zenisek, ami de l'architecte en chef du Théâtre. M. Ales commence à dessiner les projets des fresques pour le cycle Patrie, qui décorent le Théâtre national de Prague. Mikolas Ales épouse Marie, son amour d'enfance. Femme dévouée qui lui donnera quatre enfants. Le patriotisme de M. Ales se manifeste même au niveau du décor de l'appartement : il fait décorer une des deux pièces rien que par des lions, symbole de la Bohême.
En 1880, M. Ales participe à un second concours, cette fois-ci sur le rideau de la scène du Théâtre national. Son projet est refusé.Suivent dix ans de pauvreté, dix ans de désespoir ! On met en cause le talent du grand peintre qui se concentre alors sur les caricatures, illustrations et dessins à plume. La reconnaissance lui reviendra vers son cinquantième anniversaire. Il sera estimé par toutes les générations.
Début juin 1913, M. Ales accepte d'illustrer le calendrier tchéco-juif. Il réalise deux dessins dont le premier, un squelette au cimetière juif, le second, une tête de mort entourée d'une rosier en fleur, symbole de la mort que le grand peintre sent arriver. Le géant de la peinture tchèque s'éteint le 10 juin de la même année. Aux obsèques, le peuple tchèque lui a témoigné sa reconnaissance et son admiration.