La crise du gouvernement tchèque

Hana Marvanova

La Tchéquie se trouve au bord d'une crise gouvernementale en raison d'une faible cohésion du cabinet.

Vladimir Spidla
Le non d'une seule personne au projet de réforme de l'imposition, présenté vendredi à la Chambre des députés tchèques, a suffi pour conduire le gouvernement au bord de la crise. Cette personne n'est pas n'importe qui : Hana Marvanova, vice-présidente de la Chambre, ancien leader de l'Union de la liberté. Cette formation politique est membre du gouvernement de coalition formée par le Premier ministre social-démocrate, Vladimir Spidla, après les législatives de juin dernier, et comptant encore les chrétiens-démocrates. Cette coalition ne dispose que d'une infime majorité à la Chambre : une voix ! Vendredi, le gouvernement présentait un projet de réforme des impôts destinée, en premier lieu, à couvrir les dommages énormes causés par les inondations catastrophiques de la mi-août, en Tchéquie. Cette réforme devait aussi rapprocher, à plus long terme, les normes d'imposition tchèques de celles de l'Union européenne (en matière de TVA et d'impôt à la consommation surtout). Hana Marvanova a voté contre le projet. La raison ? Elle a été élue député par les électeurs, et elle leur a promis que les impôts n'augmenteront pas. Un argument rejeté par la majorité des membres de son parti, l'Union de la liberté, dont elle était, il y a quelque temps encore, la présidente. Un argument fortement critiqué, aussi, par les autres partis de la coalition gouvernementale. Ils affirment qu'en s'engageant dans une coalition les formations politiques s'engagent aussi à former une certaine cohésion, lors des votes à la Chambre.
Hana Marvanova
Marvanova a passé outre, donc pas étonnant que certains membres de la coalition gouvernementale aient demandé son départ... Elle a dit oui à l'abandon de son poste de vice-présidente de la Chambre, mais ne compte pas renoncer à son fauteuil de député. Les observateurs reconnaissent qu'un gouvernement, qui ne dispose que d'une seule voix majoritaire à la Chambre des députés, est des plus fragiles. Il devrait donc être uni. La crise actuelle démontre que le maillon faible est l'Union de la liberté, le parti le plus à droite de la coalition, en l'occurrence Hana Marvanova, connue aussi pour son intransigeance en ce qui concerne les idées de la droite. En marge de la crise, le ministre des Finances, Bohuslav Sobotka, prépare un nouveau projet de réforme de l'imposition. Il sera semblable à celui qui a été refusé vendredi, mais plusieurs variantes existent : par exemple, présenter un projet valable pour deux ans seulement, au lieu d'une période indéfinie. Ou bien, ne pas augmenter les impôts, mais faire payer une taxe spéciale à tous les citoyens, donc en quelque sorte lever un impôt inondation. Quoi qu'il en soit, remaniement du gouvernement ou pas, la Tchéquie sera bien obligée, pour entrer à l'Union européenne, de revoir sa politique des impôts.