La plus grande réforme financière des dix dernières années
La réforme des finances publiques, un projet gouvernemental, qui prend forme peu à peu, suscite une grande attention des médias et de l'opinion.
Prenons les grands titres des journaux tchèques : Le gouvernement sert la ceinture des citoyens, dans Mlada fronta Dnes, Le gouvernement demande la plus grande réforme des dix dernières années, dans Lidove noviny, La réforme : hausse des impôts, 80 milliards de dépenses budgétaires en moins, dans le quotidien économique, Hospodarske noviny. Après sa réunion de dimanche, le gouvernement est parti se réunir à Brno, en Moravie du sud. De ces deux réunions sont nées les grandes lignes du projet de réforme des finances publiques, qui viennent d'être publiées. Rappelons que cette réforme est indispensable pour que le déficit budgétaire diminue considérablement et pour que la République tchèque puisse, ainsi, adopter l'euro, après son entrée à l'Union européenne, prévue pour 2004. L'opinion publique, les médias, les syndicats, le « Monsieur tout le monde tchèque », remarquent une chose, dans ce projet de réforme : ce sera le simple citoyen qui sera le plus touché. Quelles sont donc ces mesures qui devraient conduire à la baisse du déficit budgétaire de l'Etat ? Tout d'abord, on devrait faire des économies en réformant les retraites, en faisant travailler les Tchèques plus longtemps, donc en les faisant cotiser plus. Deuxième sphère visée : la sécurité sociale, les personnes en congés de maladie devant toucher moins. Troisième domaine, les salaires : le gouvernement préconise une hausse plus lente des prestations salariales des fonctionnaires, des enseignants et des médecins.
L'allocation chômage devrait être seulement d'un montant qui inciterait le chômeur à chercher du travail. Les petites entreprises devraient payer plus de redevances, surtout en matière de cotisation à la sécurité sociale. L'impôt à la consommation sur les produits du tabac, les alcools et les carburants augmenteront, tout comme la TVA de certains produits et services. Le gouvernement demande, aussi, l'introduction d'une déclaration de fortune et l'obligation d'utiliser les caisses enregistreuses sur les marchés, dans les stands, sur les points de ventes qui ne sont pas dans du « solide ». Quel sera le montant des économies réalisées par ses mesures ? 80 milliards de couronnes, en trois ans. Le déficit budgétaire de cette année, tout comme celui de l'année prochaine se situant autour des 100 milliards, il s'avère que ces mesures de restriction sont insuffisantes.
Ce que fait, d'ailleurs, remarquer l'opposition. Les syndicats, eux, sont mécontents : le projet de réforme des finances discrimine les travailleurs. Le gouvernement joue son avenir aussi, car son projet doit être adopté par la Chambre des députés, une chambre où il ne dispose que de la majorité minimum : une seule voix ! Il semble que la Tchéquie suit le chemin entamé par les pays membres de l'Union européenne. Sera-t-elle le théâtre, aussi, d'un refus spectaculaire des réformes préconisées en Autriche, avec une grève jamais vue, la semaine dernière, ou en France, avec les grèves de ce mardi ? Les observateurs notent une différence : la réforme en France, par exemple, est présentée par un gouvernement de droite, alors qu'en Tchéquie, il s'agit d'un gouvernement de coalition, dominé par la social-démocratie.