Zorka Janu
Zorka Janu, actrice et comédienne des années trente et quarante, au talent dramatique exceptionnel dont l'épanouissement a été arrêté en plein vol. Elle commençait à être connue, elle aurait pu devenir célèbre, mais la mort était plus rapide que la gloire. Elle était la soeur cadette de la légendaire actrice de cinéma Lida Baarova, équivalent tchèque de Danielle Darrieux. Zorka Janu, un souffle léger, ayant pris la forme humaine pour faire un passage fugitif de vingt cinq années, dont le souvenir est presque effacé.
Lorsque Zorka Janu est venue au monde, le 9 juillet 1921, à Stechovice, près de Prague, elle ignorait que sa courte vie sera un ciel couvert avec de brefs instants d'éclaircies. Les deux soeurs ont probablement hérité du talent dramatique du côté maternel. Leur mère pensait faire une carrière de cantatrice. Finalement, elle s'est marié, a donné naissance à deux filles et est restée femme au foyer. Zorka fait son entrée dans le monde artistique encore toute petite. Sa photo coloriée apparaît sur une boîte de poudre adoucissante pour bébé. A douze ans, elle fait son entrée dans le monde du cinéma, dans le rôle de la soeur de sa propre soeur, Lida Baarova, incarnant le rôle principal. Zorka fréquente, gentiment, un lycée. Elle est fière de sa soeur aînée, à l'époque déjà une grande vedette du cinéma tchèque. Evidemment, la jeune fille aime aller au théâtre ou au cinéma, mais elle ne rêve pas de devenir une vedette. Ce n'est qu'à seize ans, qu'elle sort de son cocon, devient membre d'une troupe dramatique, s'intéresse à tout ce qui touche, le théâtre, le cinéma, la littérature...Dans la mesure du possible, elle assiste à toutes les premières des films ou des pièces de théâtre, essaie de tirer le plus d'expériences de sa soeur Lida. Toutes ses activités ne l'empêche pas d'étudier avec d'excellents résultats. Une année passe et Zorka décide de quitter le lycée pour étudier l' art dramatique au Conservatoire de Prague. Dès le premier instant, la féerique Zorka, à l'âme insaisissable, attire l'attention des professeurs et des élèves plus âgés. Parmi d'autres, Svatopluk Benes, le Valentino des années trente du film tchèque, qui deviendra un grand ami. Déjà en deuxième année du Conservatoire, Zorka joue comme invité du Théâtre de la Bohême de l'est, un rôle important dans la pièce de théâtre l'Eté, de Frana Sramek, auteur tchèque très connu.
par une racine d'arbre, sous l'eau, et se noie. Simon, préfère quitter l'endroit avec Rosa enceinte, qui se décide à le suivre. Le film a été primé au Festival Moissons du film, à Zlin, ville de Bata, en juillet 1940. Au cours du festival de Zlin, Zorka rencontre l'écrivain et poète, Frantisek Kozisek, son grand amour. Mais elle est tellement spéciale que F. Kozisek a peur de la blesser. D'ailleurs, tous les amours de Zorka auront un goût d'amertume, de nostalgie, de tristesse. Comme si elle avait peur de la vie réelle et la craignait !
En 1940, Zorka Janu joue dans quatre longs métrage, avec succès, et fait également du théâtre qu'elle préfère au cinéma. A seize ans, elle est capable d'incarner des rôles tragiques de femmes adultes. La comédienne se manifestera au Théâtre des jardins de Wallenstein, au Théâtre national et au Théâtre provisoire (Prozatimni divadlo). Zorka Janu se trouve grosse et souffre d'anorexie mentale. Il lui arrive de ne manger qu'un seul concombre dans la journée ! Pourtant, sa silhouette est mince et élancée. Le seul défaut sont ses pommettes saillantes, trait du visage plutôt recherché aujourd'hui. Mais, à l'époque, cela nuisait un peu au reflet du visage sur l'écran. Faute d'une technique peu sophistiquée. La prise de vue en détail d'une caméra accentuée par une lumière trop intense élargissait l'ensemble du visage. Suite à l'anorexie, l'actrice souffrait de maux de têtes violents, probablement d'origine psychosomatiques. Son état de santé se détériore. Névrosée, elle sombre dans de graves dépressions et, vers la fin de l'année 1940, elle est intérnée dans une maison de repos, en Bohême centrale. Elle en sortira quelques semaines plus tard. Il reste un journal, de son séjour, seul témoignage de ses émotions et sentiments les plus intimes. Elle continuera d'écrire son journal avec des pauses plus ou moins longues.
Après son retour à Prague, Z. Janu est engagé dans les théâtres prestigieux de Prague : le Théâtres de Vinohrady, Komorni divadlo. Dans les années 1942-1945, la comédienne est membre des Théâtres municipaux de Prague. Mais elle ne jouera plus que dans deux longs métrage.
La Seconde Guerre mondiale se termine, le drame de Zorka Janu et de sa famille éclate ! Sa soeur Lida Baarova est arrêtée pour collaboration avec les nazis et soupçonnée d'avoir été la maîtresse J. P. Goebbels, ministre de la Propagande et de l'Information du Reich. Zorka Janu est innocente, mais soeur de la brebis galeuse, l'accès à la scène praguoise lui est interdit. Elle est brisée. On vient de la priver du théâtre, son seul amour, le vrai et l'unique. Vivre ?! Pourquoi ? Il n'y a plus de raison ! Qu'est-ce donc la mort, un adieu à la vie ! Le 27 mars 1946, Zorka Janu se suicide en se jetantd'une fenêtre de la villa familiale. Elle avait probablement plus de talent que sa soeur, mais n'a pas eu l'occasion de le développer.
La mère de Lida Baarova et Zorka Janu, sucombe à une crise cardiaque, au cours d'un interrogatoire, son père, défait, se fera amputer d'une jambe et mourra quelques années plus tard. Lida Baarova réussira, finalement, à fuir le pays et s'installera en Autriche, à Salzbourg. Elle souffrira de sa relation, vraie ou inventée, avec le ministre Goebbels tout le reste de sa vie.
L'histoire tragique de Zora Janu a inspiré Adam Georgiev, un auteur et poète, né en 1980 à Prague. Il a écrit un livre sur l'actrice et comédienne bafouée par le destin.