Echo du XVIIe Congrès mondial des linguistes à Prague
Le Congrès mondial des linguistes a pris fin, mardi, à Prague. Le congrès en était à sa 17e édition, mais c'était la première fois que la capitale tchèque avait l'honneur d'accueillir ses participants - plus de 600 linguistes, savants littéraires et chercheurs venus du monde entier.
Le professeur Pascal Vernus enseigne la linguistique de l'égyptien ancien à l'Ecole des Hautes Etudes Pratiques à la Sorbonne. Avant de quitter Prague, il a bien voulu me confier ses impressions sur ce congrès:
"Nous avons eu des communications très intéressantes sur une catégorie qui s'appelle l'évidentialité. Ca veut dire que certaines langues ont des formes spéciales pour dire si un fait est rapporté parce que celui qui le raconte l'a vu, où s'il en a entendu parler ou si celui qui le raconte est sceptique, vis-à-vis, etc. Cette catégorie a été plus ou moins connue mais nous avons eu des communications qui l'ont définie et c'est un grand progrès de ce congrès.
Beaucoup de conférences ont été consacrées à ce qu'on appelle la linguistique computationnelle, une linguistique qui essaie de voir quel profit peut-on tirer de l'ordinateur. Sur ce sujet, il y a encore de gros progrès à faire.
Je suis très content que le congrès ait eu lieu à Prague. C'est un hommage qu'on devait rendre à la magnifique école de linguistes et d'intellectuels tchécoslovaques. Pour la première fois, je suis venu à Prague avant le Printemps de Prague en 1968, après, j'ai vu, hélas, ce qui est arrivé. C'est pour ça que je me réjouis que maintenant, de nouveau, le printemps fleurisse et le fait que Prague a été choisie comme le lieu de la linguistique le montre bien. J'admire la culture tchécoslovaque. En France, nous connaissons tous la musique de Smetana, Dvorak, Martinu, Zelenka.
Le congrès a lieu tous les 5 ans, toujours dans un pays différent. La dernière fois, c'était à Paris, la prochaine fois, ce sera en Afrique du sud. Vous voyez, ces congrès sont des congrès de linguistes mais ils ont quand même une valeur symbolique. La linguistique est dans le monde, elle n'est pas uniquement un truc d'intellectuels, elle a toujours de l'emprise sur le vécu."