La position de la France vis-à-vis des accords de Munich
Des historiens et chercheurs d'Europe et des Etats-Unis se sont réunis, à la fin de la semaine dernière, à Prague, à l'occasion d'une conférence scientifique ayant pour thème "Les accords de Munich - la voie vers la destruction de la démocratie en Europe." Jaroslava Gissubelova s'est tout particulièrement intéressée à l'intervention d'Antoine Marès, directeur-adjoint du Centre d'Etudes de l'Europe médiane de l'INALCO à Paris, intitulée "Le Regard français de Munich."
"Les réactions ont été extrêmement diverses, entre ceux qui ont applaudi et cru que la signature de Munich garantissait la paix, entre ceux qui pensaient que c'était un moindre mal et ceux qui ont été absolument opposés à ces accords pensant, comme le président tchécoslovaque, Benes, que ce n'était que le début d'un conflit auquel on parviendrait inéluctablement. Il y a une position qui caractérise la majorité de l'opinion en France, celle qu'a adoptée Léon Blum, en parlant de honte et de lâcheté: le soulagement, mais, en même temps, la honte d'avoir signé un accord dans lequel on revenait sur la parole qui avait été donnée."
La France et la Tchécoslovaquie étaient liées par un traité...
"Il y avait au moins 2 traités, l'un de janvier 1924, l'autre d'octobre 1925 par lesquels la France s'engageait à venir en aide à la Tchécoslovaquie si elle était menacée. Ces engagements étaient réciproques, si la France était menacée, la Tchécoslovaquie devait venir au secours de la France."
Quand la France a-t-elle annulé les accords de Munich?
"Les accords de Munich ont été annulés en plusieurs étapes, pendant la guerre, par le général de Gaulle. A la différence des Britanniques, les Français ont accepté une annulation ab initio, c'est-à-dire au point de départ, le général de Gaulle, il faut le rappeler, avait été très hostile à Munich dans lequel il voyait la faillite de la France. Souvent, les hommes politiques se sont trouvés face à leur conscience, face à cette tragédie de Munich: Munich, ça a été une tragédie pour la Tchécoslovaquie, tout d'abord, et ça a été une tragédie pour la France, dans un deuxième temps, parce qu'il est très vraisemblable que si la guerre avait éclaté plus tôt - elle aurait dû éclater dès mars 1936, Hitler n'aurait pas eu les atouts pour mener l'Europe là où il l'avait menée et l'histoire en aurait été changée."