A la recherche de l'unité spirituelle de l'Europe
Le cardinal tchèque, Tomas Spidlik, vit et travaille à Rome. Professeur de l'Institut pontifical oriental de Rome, auteur d'innombrables monographies, études et articles, il oriente ses travaux notamment sur la spiritualité de l'Est chrétien et il est un partenaire recherché pour le dialogue oecuménique. Mardi, il a donné à l'Université Charles de Prague une conférence consacrée à l'unité spirituelle de l'Europe. Quelques idées de cette conférence vous seront présentées par Vaclav Richter.
D'après le cardinal Spidlik, si l'on cherche donc l'identité de l'Europe, on doit revenir à son histoire. On dit, en général, que la culture européenne repose sur trois piliers: la pensée grecque, le droit romain et la religion biblique et que ces trois éléments ont créé une synthèse, une Summa filosofico-teologica, mais en réalité les tentatives d'unifier la pensée se sont soldées finalement par un échec. La pensée universelle s'est disloquée en diverses spécialisations. Aujourd'hui, l'Europe se retrouve face à de nouveaux mondes, et de nouvelles mentalités, à des traditions inconnues.
Que peut-elle offrir, que peut-elle recevoir dans une situation où elle n'est pas consciente de ce qu'elle a déjà? Et le cardinal Spidlik de rappeler, dans ce contexte, l'époque de la Grande Moravie, empire slave qui existait en Europe centrale vers la fin du premier millénaire. A cette époque, l'Empire romain se scindait en deux blocs antagonistes et la masse de nouveaux peuples slaves s'insérait entre eux. Et la question s'imposait: Ces peuples feraient-ils partie de l'Est ou de l'Ouest. Et c'est à cette époque-là que les évangélisateurs Cyrille et Méthode ont compris que l'Europe devrait être un pont entre les civilisations."Et je dis que la situation d'aujourd'hui est un peu analogue, ajoute le cardinal. Il y a l'Est et l'Ouest très éloignés et l'Europe ressemble à la Grande Moravie. Elle se trouve au milieu. Se scindera-t-elle en partie est et partie ouest ou servira-t-elle de pont?" Pour pouvoir agir dans ce sens, l'Europe doit d'abord être consciente de ses propres valeurs, de son passé et de ses traditions. Malheureusement, la synthèse de la culture européenne reste à faire, estime le cardinal Spidlik et ajoute: "L'Europe ne respire pas encore par les deux poumons."