La Tchéquie dans l'Europe des 25 et ses rapports avec les Occidents

Photo: Commission européenne

Les événements du 11 septembre 2001 ont non seulement frappé les Etats-Unis, mais aussi le monde occidental dans son ensemble. Depuis, les Etats-Unis mènent une croisière contre le mal terroriste dont la crise irakienne a constitué un tournant en posant la question de sa légitimité. La fin de l'année 2002 et le début de l'année 2003 ont ainsi vu l'Occident se diviser en deux camps avec, d'un côté, les Etats-Unis et ses alliés, et, de l'autre, une partie de l'Europe menée par l'entente franco-allemande. Et si certaines discordes, au sein de l'Union européenne, se sont entre-temps appaisées, où en sont, un an plus tard, les relations translatlantiques ? Tel était le thème de la conférence qui s'est tenue, ce lundi, à l'Institut français de Prague et intitulée « L'Europe et les Etats-Unis : une relation à repenser ». Et dans ce contexte, quelles sont la place et la position de la République tchèque entre ses deux pôles et à l'intérieur de l'Europe élargie ?

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Pour répondre à ces questions, l'Ambassade de France et le Centre Français de Recherches en Sciences sociales avaient invité Pierre Hassner, entre autres Directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales à Paris, et Jiri Schneider, Directeur du Département d'analyse et de prévision au ministère tchèque des Affaires étrangères. C'est d'abord Jiri Schneider qui a évoqué la vision qu'avait l'Europe centrale, et par-là même la République tchèque, sur cet Occident aujourd'hui fragmenté :

« Nous avons intégré l'OTAN et l'Union européenne avec l'idée qu'elles représentaient l'Occident, un Occident. Nous ne nous attendions alors pas à ce que l'objectif de notre présence soit la rivalité entre deux Occidents dans la recherche de la part de responsabilité globale. A ce sujet, je voudrais faire remarquer que la tendance de l'Europe centrale à se rapprocher de l'Amérique peut s'expliquer par le fait qu'historiquement nous avons toujours plus craint l'hégémonie des Européens que celle des Américains. Mais cela peut changer avec le temps. Nous sommes des nouveaux peuples arrivant dans le club et, dans un certain sens, nous représentons la vieille Europe, ce sont ces vieux instincts. Nous portons un regard empli de pragmatisme, voire de scepticisme, sur l'ambition globale de l'unification de l'Europe. Lorsque l'Europe sera capable d'effectuer des réformes d'envergure en son sein, il sera possible de l'accepter également de l'extérieur. Si elle respecte les réglements à l'intérieur, elle sera un partenaire multilatéraliste de confiance pour les autres. En tant qu'Etat plus petit, nous verrons toujours distinctement les avantages du multilatéralisme comme des voies pour accepter les règles adoptées en commun. »

Pierre Hassner a, pour sa part, donné sa vision des choses sur la politique parfois mal perçue menée par la France et sur les relations de celle-ci avec les pays de l'Europe centrale s'apprétant à rejoindre l'Union européenne :

« Je crois que toute politique, aujourd'hui, doit passer par l'Union européenne et là, ma foi, j'ai regretté certaines déclarations du chef de l'Etat, par exemple après la lettre des huit, que j'avais pourtant moi-même désapprouvée, mais la réaction française rappelait alors un peu celle des Américains envers l'Europe occidentale. D'un autre côté, j'ai salué la manière avec laquelle il a récemment essayé de dissiper les malentendus lors de sa visite en Hongrie, de montrer que la France n'était pas du tout opposée à l'élargissement et qu'elle voulait jouer le jeu de celui-ci. Mais autrement, j'ai souvent constaté une certaine timidité, notamment au point de vue économique, des entreprises, etc., dans l'Europe centrale et orientale, même si je constate également, par les activités de cette ambassade et de cet institut, que ce n'est pas toujours vrai. Je souhaite que la France soit de plus en plus active. »