Le squelette enragé du cimetière de Trebic
Trebic est une petite ville pittoresque en Moravie. Une basilique avec un ravissant château adjacent dominent la ville. Une exposition permanente de crèches animées, munies donc d'un système mécanique, se trouve au château. La ville possède encore une particularité - la tour de l'église paroissiale qui s'élève à soixante-quinze mètres. Le diamètre du cadran est, lui, de cinq mètres et demi, tandis que l'horloge de Trebic est, ni plus ni moins, la plus grande en République tchèque.
A l'époque où un garde sonnait encore minuit de la trompe, une loi non écrite dictait de ne pas sonner en direction du cimetière. La raison en était simple : laisser les morts reposer en paix. Le nouveau garde de nuit de la ville de Trebic était un jeune homme simple d'esprit et curieux. Il brûlait d'envie de savoir ce qui se passerait s'il sonnait dans la direction interdite. Alors, une nuit, il essaya. A minuit, il se tourna en direction du cimetière et sonna de la trompe de toutes ses forces. Le dernier son à peine envolé dans l'air chaud de la nuit d'été, un bruit bizarre se fit entendre. Aussitôt, le garde de nuit aperçut un squelette s'avançant vers lui à grand pas, dans un cliquetis infernal d'os. Surpris, le garde resta bouche bée. Avant qu'il ne puisse réagir, le squelette lui envoya une paire de gifles à toute volée. Claquant de sa mâchoire, il hurla : « Essaie donc encore une seule fois de déranger le sommeil éternel des défunts et tu seras déchiré en morceaux, minable! » Sur ce, le squelette repartit à grands pas en direction du cimetière et sauta dans sa tombe en refermant brusquement la pierre tombale. Il est certainement inutile de préciser que le garde ne fit plus jamais de pareilles expériences. Il comprit qu'il fallait laisser les défunts dormir en paix! La sonnerie de trompe fut abolie au début des années soixante-dix du XIXe siècle.