« Parlez-vous français ? » « Do you speak english ? » Les candidats tchèques aux élections européennes répondent...

Parlement européen, photo: Commission européenne

A l'approche des élections européennes, qui se tiendront en République tchèque les 11 et 12 juin prochains et desquelles seront élus 24 eurodéputés, une partie des médias du pays s'intéresse aux connaissances linguistiques de quelques-uns de leurs principaux candidats. Ainsi, la Télévision publique tchèque s'est récemment rendue dans les couloirs du Parlement pour tester une quinzaine de députés sur leurs capacités en français et en anglais, les deux langues officielles au Parlement européen, en leur posant des questions touchant à l'Union européenne.

Parlement européen,  photo: Commission européenne
Si cette démarche peut prêter à controverse, elle a cependant eu le mérite de révéler les obstacles en matière de communication auxquels peuvent être quotidiennement confrontés à Bruxelles et Strasbourg les députés européens. Certes, comme l'ont, d'ailleurs, rappelé à juste titre nombre de députés tchèques interrogés, les séances au Parlement européen sont simultanément traduites dans toutes les langues des pays représentés. Mais la question demeure : comment deux hommes politiques de nationalité et de langue différentes peuvent-ils discuter et négocier, en dehors des bancs du Parlement, lorsque leurs connaissances linguistiques sont insuffisantes, voire même, pour certains, inexistantes ?

Jiri Karas
A ce titre, l'exemple de Jiri Karas, candidat de la liste chrétienne-démocrate aux élections européennes, est révélateur, et ce malgré la bonne volonté manifestée pour répondre aux questions et le fait que son curriculum vitae mentionne qu'il maîtrise le français... Ecoutons-le :

« Nous pouvons parler français... »

-Alors, monsieur le député, quels sont les motifs de votre candidature aux élections européennes ?

« Ce sont les motifs personnels. Savez-vous, c'est ma vie, ma toute famille était en prison : mon frère, ma grand-mère, mon grand-père, ma toute famille. »

-Quels seront les thèmes de votre campagne avant ces élections ?

« Euh... quelles sont mes compagnes ? (après un temps de réflexion) C'est la famille. Oui, c'est la famille. Et ce sont des thèmes chrétiens. »

-Et quel peut-être le rôle des 24 eurodéputés tchèques au sein de ce Parlement ?

« (silence) Je ne sais pas, vous savez. Je ne sais pas. »

Miloslav Ransdorf
A l'inverse, Miloslav Ransdorf, candidat communiste, le seul des députés interrogés à avoir répondu tant en anglais qu'en français, s'est montré plus bavard et moins hésitant :

-A quelques jours de l'entrée du pays dans l'Union européenne, comment expliquez-vous la méfiance, voire le pessimisme d'un nombre encore important de citoyens tchèques à l'égard de l'Union ?

« Parce qu'on a dérayé cette intégration dans le cadre européen. Je pense qu'on a « expecté » (du verbe anglais « to expect » qui signifie « espérer, attendre ») plus dans le commencement des années 90.

-Selon vous, quels sont les bienfaits de l'UE pour la République tchèque ? Et, à l'inverse, que peut apporter la République tchèque à l'Union européenne ?

« Donc, la contribution de l'Union européenne pour nous est le meilleur standard dans les cas de protection de l'environnement, donc dans le cas écologiste. Je pense aussi que les droits des syndicats sont bien protégés dans l'Union européenne, et aussi « l'agent de Lisbonne » (il pense, en fait, à l'Agenda de Lisbonne) et l'espérance pour tous les nations européennes parce que dans l'agent de Lisbonne on a formulé pour la première fois la politique sociale très forte. »

Pour le reste des députés testés, la moitié d'entre-eux ont refusé de répondre, argumentant qu'ils parlaient l'allemand ou le russe ( !), ou que le tchèque leur suffirait au milieu de leurs homologues européens. Enfin, l'autre moitié, avec des niveaux très variables selon les cas, a préféré répondre en anglais plutôt qu'en français. Une raison en soi presque suffisante pour être indulgent avec messieurs Karas et Ransdorf et apprécier à leur juste valeur leurs efforts en français.