Presse : réguler la consommation d’alcool, une tâche difficile en Tchéquie

Pourquoi est-il difficile d’imposer en Tchéquie des règles concernant l’alcool ? Réponse dans cette nouvelle revue de presse. Deux autres sujets traités : les leçons à tirer des élections européennes pour les prochaines législatives et les nouvelles données concernant la situation démographique en Tchéquie. Et un bref regard des médias sur l’évolution politique aux Etats-Unis.

« Celui qui ne boit pas brise la famille. Et celui qui envisage de taxer davantage l’alcool ou encore d’en restreindre la vente porte préjudice à la société. » C’est ainsi, selon le quotidien Hospodářské noviny, que l’on peut résumer les réactions à la proposition de deux membres du Parti pirate d’introduire une réglementation de la vente et de la promotion de l’alcool qui vise à limiter sa consommation. La raison en est claire : la consommation d’alcool en Tchéquie est l’une des plus élevée d’Europe :

« Généralement accepté, l’alcool accompagne en Tchéquie toutes les fêtes. Il n’y a pas que les mariages, les funérailles et les anniversaires qui sont inconcevables sans alcool, on arrose également le vendredi, parce que la semaine de travail est terminée et puis, également, le dimanche, le jour où on ne travaille pas. En matière d’alcool, l’égalité existe. Tout le monde boit : riches et pauvres, hommes et femmes, vieux et jeunes, personnes en bonne santé et malades. Les gens boivent devant leurs enfants parce que c’est normal. Il n’y a pratiquement aucune restriction sociale ou politique à l’alcool. »

Cette drogue, comme l’indique la chroniqueuse du journal économique, est acceptée culturellement faisant même partie des valeurs traditionnelles :

« Voilà pourquoi, il est très improbable qu’une restriction ou réglementation de la vente d’alcool soit adoptée. Cela concerne même la réglementation de la publicité liée à l’alcool. Tout ce qui touche négativement l’alcool n’a aucune chance d’aboutir au cours de cette législature. Par ailleurs, une proposition similaire a été rejetée par les politiciens il y a un mois. Toutefois, on peut se féliciter de ce qu’au moins un débat sur la consommation d’alcool et sa nocivité ait été ouvert. »

Les élections européennes, un avertissement pour les prochaines législatives

« La présence des Tchèques au Parlement européen permet d’imaginer ce que notre pays pourrait devenir après les élections législatives qui auront lieu en 2025. » Cet avertissement a été lancé dans un texte publié dans le journal en ligne forum24.cz :

Le Parlement européen | Photo: Barbora Navrátilová,  Radio Prague Int.

« S’il y a une chose pour laquelle le cabinet de Petr Fiala mérite d’être vraiment apprécié, c’est bien sa politique étrangère. Il a effectivement réussi à ramener la Tchéquie parmi les pays influents qui occupent une place d’honneur à la table des négociations. Toutefois, ce sont des personnes absolument incapables de négocier quoi que ce soit et qui se présentent comme des fauteurs de troubles et des relais de la Russie qui ont remporté la victoire aux élections au Parlement européen. Ils représentent un total de 12 contre 9 eurodéputés tchèques considérés comme appartenant au camp démocratique. Et il est presque certain qu’Andrej Babiš essaiera de tirer profit de cette situation, car c’est son mouvement ANO, membre désormais du groupe Patriotes pour l’Europe, qui compte le plus grand nombre de députés tchèques élus au Parlement européen. »

L’éditorialiste du journal indique que ces derniers se sont abstenus lors du vote sur la résolution relative à l’aide à l’Ukraine, d’autres députés du groupe ayant voté contre. Une résolution que les neuf représentants des partis démocratiques tchèques ont soutenue et qui a été finalement adoptée à une écrasante majorité. « C’est au début même du mandat du nouveau Parlement européen que nous avons reçu un message fondamental sur l’approche de ce groupe à l’égard de l’Ukraine et ainsi également sur sa politique étrangère », écrit-elle avant de conclure :

« Heureusement, compte tenu de la composition du Parlement européen, les votes pro-russes de la part de la Tchéquie n’auront que peu d’effet. Cependant, si les prochaines législatives aboutissaient à un ratio similaire à la chambre basse du Parlement tchèque, cela poserait un problème grave, mettant en jeu l’orientation future du pays. »

Des données démographiques inquiétantes en Tchéquie

« Au cours du premier trimestre de cette année, seuls 20,3 milliers d’enfants sont nés en Tchéquie, soit 11 % de moins qu’au cours de la même période de l’an 2023. Si cette tendance se poursuit, il n’y aura que 81 000 nouveau-nés cette année. Ce chiffre ferait tomber le record le plus défavorable remontant à l’an 1999. » Autant de données démographiques auxquelles se réfère un récent numéro du quotidien Lidové noviny qui se demande s’il faut s’en inquiéter. Voici sa réponse :

Photo illustrative: jessicaerichsenkent,  Pixabay,  Pixabay License

« Evidemment, il s’agit d’un problème important qui d’ailleurs n’est pas seulement d’ordre académique. Cela dit, nous ne sommes pas confrontés à une menace d’extinction en tant que nation ou société, car la population du pays est restée globalement presque constante au cours des 120 dernières années, se maintenant au-dessus de 10 millions d’habitants. Et ce en dépit du fait que la Première Guerre mondiale ait fait des centaines de milliers de morts, et en dépit de la Deuxième Guerre mondiale avec ses combats, l’Holocauste et l’expulsion des Allemands des Sudètes. En dépit également de l’émigration de centaines de milliers de personnes après l’occupation du pays par les troupes du Pacte de Varsovie en août 1968. Le nombre total a toujours fini par atteindre le niveau de plus de 10 millions de personnes. »

A cet égard, comme le rapporte Lidové noviny, la Tchéquie ne saurait être comparée, par exemple, aux pays baltes qui ont connu une forte émigration de la population vers l’Ouest pour des raisons d’emploi. Et encore, elle n’est pas non plus comparable à la Bulgarie, dont la population est passée de 9 à 6,5 millions d’habitants depuis les années 1980. « Ce qui est en revanche en train de changer en Tchéquie, c’est la composition de la population en matière d’âge. Un constat qui se correspond aux démarches et aux résolutions liées à la construction d’écoles ou à la réforme du système de retraites », ajoute-t-il.

L’évolution aux Etats-Unis en point de mire des médias tchèques

En ce qui concerne l’agenda international, les médias locaux suivent en premier lieu l’évolution aux Etats-Unis, après le retrait de Joe Biden. « Nous avons besoin les uns des autres. L’Europe et l’Amérique sont les deux moteurs de l’Occident », titre par exemple un texte publié sur le site Seznam Zprávy dans lequel son auteur souligne :

Kamala Harris | Photo: Julia Nikhinson,  ČTK/AP

« Il ne nous appartient pas de donner aux Américains des conseils sur la manière de voter. Ce sera leur décision souveraine, quelles que soient les circonstances. D’un autre côté, il nous appartient de se rappeler que l’évolution sur la scène politique américaine est liée à notre propre sécurité et à celle de l’ensemble de l’Occident. Il n’y a effectivement qu’un seul bateau de l’Occident. Voilà pourquoi  ni l’Europe ni les Etats-Unis ne peuvent assurer aujourd’hui la sécurité mondiale seuls, l’un sans l’autre. Les valeurs que les Européens et les Américains partagent en commun constituent la base historique de la survie de l’Occident. »

« Kamala Harris ne serait pas seulement la première femme présidente à la Maison Blanche. Elle serait également la première personne dans l’histoire des Etats-Unis à vouloir introduire un véritable programme socialiste. Harris est non seulement beaucoup plus socialiste que Joe Biden, mais aussi plus progressiste et plus verte », selon l’éditorialiste du journal de droite en ligne echo24.cz.

L’éditorialiste du journal Hospodářské noviny remarque que la démocratie américaine est en train d’écrire un nouveau chapitre historique de son évolution :

« Avec l’émergence de Kamala Harris, un nouveau dynamisme et de nouveaux sujets marquent désormais la campagne de l’élection présidentielle américaine. L’arme principale des deux candidats, ce sera la peur de l’autre et de ce que la victoire de l’autre parti pourra apporter. On entendra beaucoup parler de Trump comme d’une menace pour la démocratie américaine et de Harris comme d’une représentante de la gauche radicale susceptible de détruire le rêve américain. »