La Messe glagolitique de Leos Janacek
La musique qui accompagne notre programme spécial consacré aux évangélisateurs Cyrille et Méthode a été directement inspirée par les célébrations du millénaire de leur venue en Grande Moravie, en 863. C'était à Velehrad, lieu des pèlerinages nationaux traditionnels liés aux célébrations annuelle de Cyrille et Méthode, que le futur compositeur Leos Janacek, alors enfant, y participait en tant que chanteur au couvent de Brno.
L'impression qu'il a gardé de ces festivités fut profonde. L'idée de l'incarner dans la musique ne lui est venue qu'en 1926, lorsqu'il avait déjà atteint l'âge de 72 ans. Dans la station thermale morave de Luhacovice où Janacek avait l'habitude de passer les vacances et faire des cures, une grande messe slave inspirée de la tradition cyrillo-méthodienne a vu le jour, en 1927....
Appelée La Messe glagolitique, elle n'a pourtant jamais été destinée à des fins liturgiques. Elle est écrite sur un texte de vieux slave, compréhensible à l'auditoire tchèque, polonais et russe. En effet, ce n'était pas des raisons religieuses qui ont poussé Janacek à composer cette oeuvre. Il a voulu plutôt traduire les anciennes racines du génie slave: "La croyance dans le peuple, non pas sur la base religieuse mais du point de vue moral qui prend Dieu pour témoin..."
Janacek a créé l'oeuvre qui, par son caractère populaire plein de joie, est très éloignée de la sévérité et du dogmatisme liturgique. Voyant son Dieu plutôt dans la nature que dans la pénombre de l'église, la Messe glagolitique est un hommage enthousiaste à la vie, à la nature, à la divinité humanisée.
La Messe glagolitique occupe une place de choix dans la création musicale tchèque mais aussi mondiale. Le caractère exceptionnel de cette oeuvre en 8 parties apparaît déjà lors de sa première, le 5 décembre 1927, à Brno, interprétée du Cercle philharmonique de Brno, dirigé par Jaroslav Kvapil. Le public l'a applaudi avec enthousiasme. Après la première de Brno, l'oeuvre est présentée à Prague, en 1928. La même année, au mois d'août, Leos Janacek meurt. La Messe glagolitique devient une oeuvre immortelle, l'une des plus jouées à l'étranger.