Les « Voies » de Vera Chytilova dans un film documentaire
La première présentation d'un documentaire consacré à la réalisatrice tchèque, Vera Chytilova, a été l'un des moments forts du Festival international du Film de Karlovy Vary que cette ville thermale accueillait, au début du mois de juillet. A l'exception des heureux spectateurs présents dans la salle, le public n'a pas encore pu le voir. Le quotidien LN en parle dans l'une de ses récentes éditions, sous le titre, « Vera Chytilova - furieuse et émouvante »
Vera Chytilova, 75 ans, est appelée à juste titre « première dame du film tchèque ». L'une des protagonistes de la fameuse vague du cinéma tchécoslovaque, dans les années soixante, elle a à son actif une douzaine de longs métrages, dont on ne citera que les célèbres Petites Marguerites ou encore Panelstory, ainsi que plusieurs films documentaires.
Le premier portrait cinématographique consacré à Vera Chytilova, qui s'appelle Les Voies, est l'oeuvre de la jeune cinéaste Jasmina Blazevic. Celle-ci a pu filmer la célébre réalisatrice en l'espace de trois ans. Leurs conversations se déroulaient le plus souvent dans la villa de Chytilova, située sur une colline, dans le très bel arrondissement de Prague, Troja, et qui se présente dans le film comme un refuge sûr, une forteresse.
La vie, le film, les amours, le travail, les enfants. Autant de thèmes évoqués par les deux femmes qui partagent en commun l'amour du cinéma. « Vera Chytilova se confie sans faux-semblant, avec une rude tendresse, une impressionnante sincérité et une énergie inépuisable. Tantôt en proie à la rage, tantôt émue jusqu'aux larmes, elle ne se laisse pourtant jamais aller à l'exhibitionnisme. Elle est tout simplement vraie », peut-on lire dans les pages du journal.
« J'ai voulu faire des études à la FAMU, école supérieure de cinéma, car les films que l'on tournait à l'époque me déplaisaient », déclare Chytilova dans le film. Et d'avouer qu'au bout d'une année d'études, elle a essayé de se suicider. Elle est très sincère, aussi, en ce qui concerne sa carrière professionnelle. Ainsi elle porte un regard très sceptique sur les films qu'elle a réalisés dans les années quatre-vingt-dix, et qui, d'ailleurs, ont été assez mal accueillis par la critique tchèque. Elle dit : « Est-ce moi qui suis idiote ou bien est-ce que ce sont les autres qui le sont? Une chose est certaine : je ne peux pas tourner autrement ».
Selon Lidove noviny, le film documentaire consacré à Vera Chytilova est remarquable. C'est dû notamment à la manière ingénieuse dont Jasmina Blazevic combine les confessions de la réalisatrice avec des documents tirés des archives familiales et des extraits de ses propres films. « Il y a beaucoup de choses à admirer chez elle et pas seulement le fait que c'était une très belle femme », écrit l'auteur de l'article.
C'est le plus probablement en automne prochain que le film Les Voies sera présenté par la Télévision tchèque. On pourra le voir, également, dans les salles de cinéma spécialisées dans la projection de films vidéo. « Et pourquoi pas lors d'un festival international? », conclut le quotidien Lidove Noviny.