La présence du français dans la langue tchèque

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovníkum cestiny Radia Praha. Lors de notre dernière émission, nous avions étudié l'étymologie des mots « robot », « pistolet » et « polka », trois mots d'origine tchèque que l'on retrouve non seulement dans la langue française, mais qui sont également passés dans ce que l'on pourrait appeler le langage courant international. Ce trente-sixième numéro du « Tchèque du bout de la langue » est l'occasion d'entamer la démarche inverse, à savoir tenter de mesurer l'influence, l'importance de la présence de mots provenant du français dans la langue tchèque. Mais avant d'approfondir, lors d'émissions prochaines, cette passionnnante recherche, il convient d'abord de s'intéresser à la place et au poids du français en République tchèque.

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. Lors de notre dernière émission, nous avions étudié l'étymologie des mots « robot », « pistolet » et « polka », trois mots d'origine tchèque que l'on retrouve non seulement dans la langue française, mais qui sont également passés dans ce que l'on pourrait appeler le langage courant international. Ce trente-sixième numéro du « Tchèque du bout de la langue » est l'occasion d'entamer la démarche inverse, à savoir tenter de mesurer l'influence, l'importance de la présence de mots provenant du français dans la langue tchèque. Mais avant d'approfondir, lors d'émissions prochaines, cette passionnnante recherche, il convient d'abord de s'intéresser à la place et au poids du français en République tchèque.



Dans son édition du 14 juillet dernier, à l'occasion de la fête nationale française, le quotidien Lidové noviny publiait un supplément spécial consacré aux relations franco-tchèques. Le journal avait alors choisi de résumer la situation actuelle avec le titre suivant : Citový vztah k Francii trvá, soit « Notre attitude envers la France reste sensible, sentimentale ». Un peu plus loin, sur une demi-page, Jaroslav Stichauer, professeur au département de français de la Faculté des lettres de l'Université Charles à Prague, remarquait, tout en s'appuyant sur de nombreux exemples, que beaucoup de mots assimilés par la langue tchèque étaient d'origine française, les lexiques intellectuel et artistique étant les plus riches dans ce domaine avec des termes comme aranžmá - arrangement, ateliér - atelier, ou encore, pour ne pas tous les citer, režisér - régisseur.



Comme beaucoup d'autres régions et pays en Europe, les Pays tchèques n'ont pas échappé à l'influence grandissante du français à partir des XVIIe et XVIIIe siècles. L'éclat et la puissance de la monarchie française, le raffinement de sa culture font que le français déborde très vite le cadre de la nation, dépassant largement les frontières de l'empire politique, économique et culturel qu'est alors la France. Langue de la diplomatie, le français est aussi la langue de l'aristocratie et des personnes cultivées, ce qui ne peut que se répercuter sur la Bohême et la Moravie, alors sous la tutelle de Vienne et des Habsbourg.



Rien d'étonnant, donc, finalement, qu'encore aujourd'hui, un nombre conséquent de mots tchèques utilisés dans la vie courante soient d'origine française. Pour l'exemple, dans le domaine culinaire, nous retrouvons la côtelette - kotleta, le champignon - žampion, ou encore le buffet - bufet. Notons à propos du bufet qu'il peut, comme en français, être aussi bien employé dans le sens de meuble de salle à manger, mais aussi comme table, dressoir sur lequel sont servis des plats froids, et enfin comme café-restaurant.



Un certain nombre de mots sont arrivées en Tchéquie en passant par d'autres langues, le plus souvent, bien entendu, par l'allemand. Beaucoup d'entre eux en sont toutefois restés au stade du langage parlé, familier. Citons ainsi malér - malheur, patálie - bataille, pakatel - bagatelle, et tuzér - douceur. Notons que l'ortographe tchèque de nombre d'entre eux est bien différente de l'originale française, un point sur lequel nous reviendrons également dans une de nos prochaines émissions.



Mais l'ortographe n'est pas la seule à avoir évoluer. Il en va ainsi parfois également du sens de certains mots. Mentionnons à titre d'exemples les plus frappants les mots galanterie - galanterie, et blamáž, qui provient du verbe "blâmer". Ainsi, en tchèque, galanterie peut désigner un magasin que l'on peut comparer en France à une mercerie, un sens très éloigné, donc, de la distinction, de l'élégance de l'esprit et des manières, de la courtoisie que l'on témoigne aux femmes ou du propos flatteur. Le mot blamáž, lui, indique le fait de s'être rendu ridicule par un acte ou un comportement. Un sens qui n'a donc plus grand chose à voir avec l'expression d'un jugement moral défavorable ou la sanction disciplinaire, les deux sens connus en France.



A l'inverse, il existe tout un paquet de mots qui restent fidèles, tant dans l'ortographe que dans leur sens, à leurs origines françaises.



Ainsi se termine ce "Tchèque du bout de la langue", introduction sur le thème de la présence du français dans la langue tchèque. Nous reviendrons très largement sur le sujet dans nos prochaines émissions. En attendant, sachez que nos deux prochains numéros seront consacrés à des rediffusions. Nous effectuerons un retour pour l'occasion sur les manières de se saluer en Tchéquie, ainsi que sur les origines du salut marin "Ahoj". D'ici-là, portez-vous du mieux possible -mějte se co nejlíp !, salut et à bientôt - zatím ahoj!