60 ans depuis l'holocauste rom à Auschwitz-Birkenau
Dans la nuit du 2 au 3 août, nous commémorons le 60e anniversaire de l'holocauste rom au camp de concentration d'Auschwitz. Fin juin, des journalistes de Radio Prague et dix-huit Roms dont les parents et proches y ont trouvé la mort se sont rendus sur les lieux de la tragédie.
Antonin Lagrin, de Brno, qui a perdu presque toute sa famille à Birkenau, a été parmi ceux qui sont venus allumer des bougies et prier pour ses proches sur les lieux de la tragédie. Bien qu'il ait cru savoir tout sur leurs destinées, une surprise l'y attendait:
"J'y ai trouvé une plaque où sont inscrits les noms de 50 membres de ma famille. C'était une surprise pour moi, j'ignorais qu'ils étaient aussi nombreux à y mourir...Je savais que c'était mon frère, mes cousins et mes beaux-frères, les grands-parents de ma mère et ma tante, qui a succombé aux coups de pieds des SS, essuyés pour avoir écarté la neige de sa tête, après qu'elle était restée debout, pendant plusieurs heures, sur la place d'appel. Pour mes parents, c'étaient des souvenirs douloureux. Il ne se passait pas une semaine sans que le père ne nous parle d'Auschwitz ou de Lety, il ne pouvait pas l'oublier..."
A Lety près de Pisek, en Bohême du sud, un camp de concentration rom se trouvait, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a servi pour le transit des Roms tchèques, dont près de 350 sont morts directement dans ce camp, sous les yeux de leurs gardiens tchèques. Le reste des prisonniers a été transporté, en 1943, dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Durant la guerre, plus de 5500 Roms, sur le total de 6000 vivant en Tchécoslovaquie d'avant-guerre, ont été déportés à Auschwitz. 60 ans après la tragédie, un mémorial honorable aux victimes rom fait toujours défaut à Lety. Une porcherie industrielle occupe, depuis le début des années soixante-dix, l'endroit même où se dressaient les baraquements des Roms déportés. Karel Holomek, président de la Communauté des Roms en Moravie, reste pessimiste quand à la suppression de la porcherie. Il se déclare pessimiste également quand à la possibilité de dédommager les familles des victimes rom. Le problème est que les critères de la loi sur le dédommagement sont très durs. Il craint que sur 8000 demandes réunies, quelques dizaines seulement soient réglées.