Milada Emmerova et les défis de la Santé publique

Stanislav Gross et Milada Emmerova, photo: CTK

Parmi les nouveaux visages dans le cabinet qui vient d'être composé par le Premier ministre Stanislav Gross il y a Milada Emmerova, à qui il a confié le poste bien difficile de ministre de la Santé publique. Elle succède à ce poste à Jozef Kubinyi qui a tenté en vain, comme d'ailleurs pratiquement tous ses prédécesseurs dans la fonction, de réformer la santé publique tchèque.

Stanislav Gross et Milada Emmerova,  photo: CTK
Milada Emmerova est spécialiste de la médecine interne. Membre de la Chambre des députés, elle a occupé des fonctions importantes dans cette institution. A partir de 2002 elle est présidente de la Commission pour la politique sociale et la santé publique. Avant d'adhérer à la social-démocratie en 1994, elle avait été membre du parti communiste. Elle se propose d'abord de réviser tout le système de la santé publique et notamment son financement. Tous les pas concrets doivent être précédés, d'après elle, par la création d'une nouvelle conception de la santé. Dans un premier temps, elle n'envisage pas d'obliger les malades à participer aux frais du traitement.

Avant qu'elle ne soit installée dans son ministère, Milada Emmerova s'est heurtée déjà à un problème sérieux. Son fils occupe une fonction importante dans la direction de l'entreprise pharmaceutique Zentiva. Comme c'est le ministère de la Santé qui décide combien les caisses d'assurance-maladie payeront pour les médicaments, il peut influencer, dans une grande mesure, les recettes des entreprises pharmaceutiques. Il pourrait donc y avoir un conflit d'intérêt entre le ministère et l'entreprise Zentiva. Pour éviter ce genre de problèmes, Milada Emmerova envisage de se soumettre aux recommandations d'une commission spéciale du ministère."D'après moi, dit-elle, il s'agit d'un groupe de spécialistes qui ont le droit de prendre des décisions sur la catégorisation des médicaments et qui présentent leurs recommandations au ministre. J'aimerais respecter les recommandations de cette commission. Si, éventuellement, le ministre prend une décision contraire à ces recommandations, il devra y avoir des raisons bien fondées et objectives à cela."

Le directeur exécutif de l'Association internationale des sociétés pharmaceutiques, Pavel Mazan, craint pourtant que la ministre ait la possibilité, lors des décisions importantes, de favoriser certaines entreprises:"Malheureusement, dans le passé, il arrivait souvent que les recommandations de la commission de catégorisation changeaient à la dernière minute. Et il y aussi un autre problème. La commission de catégorisation, bien que ce soit une commission de spécialistes, procède dans son travail selon une adjudication politique, et cette adjudication est préparée justement par la direction du ministère."