Le sort des deux otages français en Irak vu par la presse tchèque

Photo : CTK

Qu'adviendra-t-il des deux journalistes français retenus en otages par un groupe dénommé l'Armée islamique en Irak ? C'est la question que se posaient, mercredi matin, comme ailleurs dans le monde, la plupart des quotidiens tchèques. Si le sort de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, que Mlada fronta Dnes présente comme « les amis des Arabes », ne laisse donc pas indifférent, les analyses portent essentiellement sur les raisons et les éventuelles conséquences de cet enlèvement.

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Dans son éditorial intitulé « Les voiles et les couteaux », Lidové noviny constate que « les ravisseurs irakiens ont inversé la logique des crimes qui était la leur jusqu'à présent. ». En voulant pousser Paris à annuler la loi sur la laïcité, loi qui interdit, entre autres, de porter le voile islamique dans les écoles publiques, le commentateur estime que « pour la première fois, ils fixent un ultimatum touchant à la situation dans un autre pays, et non pas à leurs activités en Irak ». Quelles que soient les raisons de leur action, poursuit-il, les terroristes ont vu se former contre eux dans les pays arabes un front composé de personnalités politiques et spirituelles. « Cette unité a toutefois ses limites, note le journal. L'éventuelle libération des otages pourrait, en effet, faire naître l'illusion erronée que cela vaut le coup de négocier avec les terroristes. Et dans le cas inverse, les musulmans modérés craignent un renforcement des tendances racistes, et pas seulement de la rue française ».

Mlada fronta Dnes percevait les choses sous un angle un peu différent, mardi. Pour le quotidien le plus vendu dans le pays, les ravisseurs n'ont pas saisi l'essence, le principe, le fond du monde occidental. « Aucun pays, pas même la France, les Etats-Unis ou un autre, n'est un régime autoritaire, où quelqu'un donne un ordre avant de l'annuler. [...] Dès lors qu'une loi a été proposée, fait l'objet d'un débat, votée, adoptée et signée, elle est appliquée. Le débat peut se poursuivre, mais sans doute pas avec un couteau sous la gorge », peut-on ainsi lire. « Si nous venons à peine de nous débarrasser des lois du jeu sanglantes qui ont eu cours aussi en Occident pendant des siècles, ce n'est quand même pas pour y revenir. Ces hommes avec des bombes et des pratiques meurtrières et suicidaires ne devraient pas déterminer ce que nous devons penser, dire et faire. Et ce d'autant plus que les terroristes ne sont ni des combattants pour la paix, ni des pionniers de « valeurs supérieures » que nous aurions, nous, ici, soi-disant oubliées », conclut dans un éclat ressemblant fort à un cri de ras-le-bol Mlada fronta Dnes.