La béatification du dernier empereur austro-hongrois suscite la controverse
La béatification, dimanche, au Vatican, de Charles 1er de Habsbourg, dernier empereur d'Autriche-Hongrie à avoir régné également sur les pays de la couronne de Bohême, a suscité une controverse dans son pays natal.
Dans son homélie, dimanche, sur la place Saint-Paul, le pape Jean-Paul II a cité Charles 1er en exemple pour les responsables politiques européens contemporains. Selon le Vatican, l'empereur austro-hongrois, né en 1887 et mort en 1922, était un ami de la paix et le seul homme politique de l'époque à avoir soutenu les efforts du pape Benoît XV en faveur de celle-ci. Plus d'un miracle, condition à la canonisation, est lié à la personne de l'empereur. Une religieuse gravement malade a été miraculeusement guérie, au Brésil, au cours de ses prières pour la béatification de l'empereur. Le Vatican compte également parmi ses mérites le fait d'avoir considéré la guerre comme immorale et d'avoir interdit l'utilisation du gaz moutarde. En Autriche, la béatification a divisé la scène politique. Ses critiques reprochent à Charles 1er notamment d'avoir laissé les troupes autrichiennes se servir du fameux gaz yperit. L'hebdomadaire Profil a qualifié Charles 1er de monarque "falot." Concernant les réactions tchèques, l'historien Jiri Pernes ne conteste pas les efforts du dernier empereur en faveur de la paix, mais il n'ose pas juger s'il mérite d'être béatifié. Charles 1er de Habsbourg est monté sur le trône en 1916, en pleine guerre, à la mort de son grand-oncle François-Joseph, qui n'avait pas d'héritier direct. Selon Jiri Pernes, l'empereur a certes cherché à être ouvert envers les Tchèques: il a remis en liberté deux politiciens, Kramar et Rasin, condamnés à mort. Il avait promis de se faire couronner roi de Bohême, promesse toutefois non tenue, de même qu'il n'a pas réussi à faire prévaloir ses plans de paix qui ont échoué face à l'empereur allemand. Son empire a éclaté, et de nouveaux Etats ont été créés à sa place, dont la Tchécoslovaquie. Le 11 novembre 1918, Charles abdique et se réfugie en Hongrie. Là-bas, trois ans après la fin de la guerre, il essaie, à deux reprises, de restaurer la monarchie. Il est extradé en Suisse, puis interné à Madère, où il meurt à l'âge de 35 ans. Déjà, en 1915, l'Union de prière est fondée par la mère de l'empereur, l'archiduchesse Maria Josefa, qui prend l'initiative de promouvoir sa béatification. La princesse italo-française, Zita, épouse de Charles 1er, poursuit cette initiative jusqu'à sa mort, en 1989. A la fin de l'année 2003, le Vatican a reconnu un miracle attribué à l'intercession du dernier empereur d'Autriche. Le processus de béatification vient d'aboutir, dimanche dernier. Un parterre exceptionnel de têtes couronnées et de familles princières, dont 200 membres de la famille Habsbourg ayant régné pendant 640 ans sur l'Europe centrale, a assisté à la cérémonie.