Comme chaque samedi, nous ouvrons notre boîte aux lettres rédactionnelle. Et nous commencerons sur une note... optimiste ou pessimiste, comme vous voulez. Paul Jamet d'Argenteuil, en France, nous a écrit : "Comment allez-vous? Apparemment bien, si j'en juge par votre dynamisme à l'antenne ! Ici, en France, Le Monde nous a fait état de la sinistrose qui frappe les Français, une sinistrose chronique qui atteint même ceux qui ont tout pour aller bien. Dites-nous, les Tchèques, sont-ils optimistes ou pessimistes face à l'avenir?"
Je commencerai par notre rédaction. Si nous vous semblons dynamiques et pleins d'énergie à l'antenne, tant mieux, bien sûr. La pire des choses, à la radio, c'est peut-être un présentateur qui fait somnoler l'auditoire... Sinon, vous savez comment c'est : les comédiens disent que sur la scène, on ne sent même pas une jambe cassée. Et au micro, c'est un peu la même chose, je crois. Et si les Tchèques sont optimistes ou pessimistes ? Difficile de généraliser, en tout cas les médias omniscients n'ont récemment apporté aucun sondage sur le pessimisme croissant des Tchèques. Evidemment, les Tchèques aiment se plaindre de tout et de rien, c'est presque un sport national. Donc, actuellement, par exemple, la plupart d'entre eux (quelque 80% d'après la presse) s'indignent à propos du comportement de leur Premier ministre, Stanislav Gross, qui sera d'ailleurs mardi et mercredi prochains en visite en France, dans l'affaire du financement opaque de son appartement luxueux.
Petr Cech, photo: CTK
Vous nous demandez également, M. Jamet, quel est l'état d'esprit des Tchèques près de dix mois après avoir rejoint l'Union européenne, s'ils ont des raisons d'espérer un avenir meilleur, ou bien s'ils sont envahis par l'inquiétude. Là encore, difficile de généraliser, mais, optimiste que je suis, je dirais que la majorité des Tchèques ne regrettent pas d'avoir intégré l'Europe. Ce qui inquiète une partie de la population, c'est la montée en puissance des communistes, mais cela ne date pas d'hier. Tout comme différentes actions publiques et pétitions qui visent à pousser le parti communiste à s'excuser du passé et à se réformer. La dernière pétition de ce genre, à l'échelle nationale, a été lancée cette semaine. Enfin, on se demande d'ores et déjà quel sera le résultat des prochaines élections législatives, en 2006, si le parti social-démocrate, actuellement au pouvoir, tiendra le coup, ou si elles seront remportées par le parti civique démocrate d'opposition qui a, semble-t-il, de fortes chances de victoire et une grande envie d'entamer ses propres réformes. Donc voilà, des doutes il y en a, mais restons optimistes, comme vous, M. Jamet.
Terezin
"Merci pour la très bonne rubrique sur le football tchèque. J'ai tant de regrets que Petr Cech ait quitté le Stade rennais, mon équipe favorite", écrit Jacques Augustin, de Rosny-Sous-Bois, en France. Une bonne nouvelle pour vous, M. Augustin : vous pourrez entendre Petr Cech sur nos ondes dès ce lundi. Il sera l'invité de la rubrique sportive de Guillaume Narguet. Encore une citation du courrier de M. Augustin : "Dans le cadre de récents programmes, j'ai été ému en suivant votre commentaire sur la commémoration du 60e anniversaire de la Libération du camp de concentration d'Auschwitz. Ceci m'amène à vous demander combien de camps ont existé en République tchèque. Existe-t-il, à Prague ou ailleurs, un musée de l'Holocauste ? Est-il visité par les jeunes ?"
Le camp le plus connu est sans doute celui de Terezin, en Bohême du nord, qui n'était pas, en soi, un camp d'extermination, mais un ghetto juif à partir duquel les détenus étaient transportés notamment à Auschwitz. Plus de 140 000 Juifs sont passés par Terezin, quelque 87 000 y sont morts. Le mémorial fonctionne aujourd'hui un peu comme un musée et il est évidemment visité par les jeunes. Mais un musée de l'Holocauste en tant que tel n'existe pas chez nous, à ma connaissance. On rappellera aussi l'existence du camp de concentration de Lety, près de Pisek, en Bohême du sud, destiné aux Roms : plus de 300 personnes y ont péri. A l'emplacement de ce camp se trouve aujourd'hui une ferme d'élevage de cochons, situation contre laquelle les associations rom ne cessent de protester. D'autres camps nazis encore ont existé en République tchèque : p.ex. un camp de travail situé dans une forêt près de Pribram, où le régime communiste internait, après la guerre, des prisonniers politiques.
C'est la fin, chers amis, de ce Courrier des auditeurs, j'ai juste le temps de remercier Pierre Paoli d'Ajaccio, Frédéric Depuydt de Frontignan, Lionel Chemin de Villefontaine, Gustave Bodjé de Tiassalé, Christian Canoën de Loos, bref, vous tous qui nous avez récemment écrit. Merci, portez-vous bien, et à la prochaine.